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Jean Rochefort va jouer les "Boloss" pour France 5

Jean Rochefort  à Dinard, en octobre 2015.

Jean Rochefort à Dinard, en octobre 2015. - Fred Tanneau - AFP

Jean Rochefort, 85 ans, revient donner un sévère un coup de jeune aux classiques de la littérature, tous les jeudis soirs sur France 5, avec Le Boloss des belles lettres.

Après le succès de Jean Rochefort sur Youtube avec Madame Bovary, le comédien "rapplique" sur France 5 chaque jeudi soir pour conter une histoire de "Boloss", comme celle du "p'tit keum" de Saint-Ex dans le désert qui dit: "Dessine-moi un mouton, gros !".

On reconnaîtra peut-être Le Petit Prince d'Antoine de Saint Exupéry, dans cette version tirée des Boloss des Belles Lettres (Ed. J'ai lu) de Quentin Leclerc, 24 ans, et Michel Pimpant, 38 ans, et reprise par l'acteur moustachu de 85 ans.

"Un délire potache de littérature"

Le "bogoss" qui s'est "crashé" dans le Sahara "essaye de faire son MacGyver avec trois allumettes et un rouleau de PQ pour réparer sa carlingue, mais ça marche pas du tout!", raconte avec le plus grand sérieux Jean Rochefort, qui donne rendez-vous chaque jeudi à 20H35 pour une de ces brèves histoires de "Boloss".

Roméo & Juliette de William Shakespeare, L'Odyssée d'Homère, Le Père Goriot de Honoré de Balzac, Le Parfum de Patrick Süskind, Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos ont déjà été enregistrés, selon Quentin Leclerc et Michel Pimpant, et cinquante autres devraient suivre, toujours avec le comédien. Les Boloss des Belles Lettres ont d'abord été "un délire potache de littérature" développé sur Twitter par ces ex-étudiants en Lettres modernes qui ne s'étaient jamais rencontrés mais se sont trouvé "des affinités" sur la Toile, ont-ils raconté.

"Quentin parlait des livres, citait beaucoup de ses lectures à la volée sur un coin de table virtuelle", se souvient son acolyte. En septembre 2012, ils lancent leur blog, toujours à distance, Quentin habitant en Bretagne et Michel à Paris. "Nous n'étions que deux guignols sur Internet à se marrer avec nos copains et des inconnus", confie Michel Pimpant. Quand un producteur les contacte. Il leur propose une adaptation TV, mais sur la base d'"un contresens total": "Il voulait filmer un 'djeun' des banlieues au pied d'une barre d'immeuble".

Les deux auteurs jugent totalement réducteur de faire de leurs textes un programme de "djeuns" parce qu'il y a "plein de mots bizarres" dedans. Eux veulent "défendre juste une certaine inventivité, un projet extrêmement spontané" qui n'entre pas dans des cases.

"Rochefort, objectif démesuré"

Les deux "boloss" déclinent donc l'offre du producteur, mais cet épisode les fait "sortir de l'innocence". Ils sélectionnent "le meilleur" de leur production de blogueurs, ajoutent des textes "inédits" et publient Les Boloss des Belles Lettres en 2013. "Certaines personnes ont eu des réactions de rejet épidermique", note Quentin Leclerc. "Pourtant, ce ne sont que des résumés, on ne touche même pas le texte, c'est un simple exercice de style".

Eux mettent en avant "l'effet comique" produit par le "décloisonnement" de la grande littérature, de sa langue "élevée, noble, étanche" confrontée au langage quotidien, argotique du XXIe siècle. Une autre producteur TV se présente alors avec un projet différent, une petite histoire lue par un acteur. "Nous avions comme objectif démesuré d'avoir Jean Rochefort", ajoute Quentin Leclerc.

Madame Bovary, 'la petite zouz campagnarde, pas dégueu"

Contacté, le comédien, emballé, leur téléphone trois ou quatre jours après en personne. "Notre idéal se réalisait, on aurait peut-être fait un truc au rabais si on n'avait pas eu un tel acteur", souligne Michel Pimpant. Ils se mettent aussitôt au travail avec le comédien, qui a déjà joué ce genre de personnage guindé et loufoque dans Un éléphant ça trompe énormément.

Avec lui, "on apporte des modifications, on travaille l'oralité et le rythme", expliquent les deux jeunes auteurs. "Il a une vision que nous n'avons pas, il nous fait des propositions, toujours avec enthousiasme et bienveillance, il est très respectueux de ce que nous faisons". Jean Rochefort se taille d'abord un franc succès sur Youtube avec leur Madame Bovary. Ensuite, il a fallu convaincre une chaîne.

"Ce fut un parcours du combattant parce que la littérature pose problème à la télé", confient les deux compères. "Mais nous avons prouvé que cela pouvait marcher avec nos deux millions de 'vues' sur Youtube de Madame Bovary, 'la petite zouz campagnarde, pas dégueu'".

la rédaction avec AFP