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Plusieurs médias français boycottent le voyage officiel de Valls en Algérie

Le Premier ministre Manuel Valls

Le Premier ministre Manuel Valls - Le Premier ministre Manuel Valls - Lionel Bonaventure - AFP

Le Figaro, France Inter, TFI, France 2 ou encore Libération ont décidé de boycotter le voyage officiel du Premier ministre à Alger, en soutien au Monde et au Petit Journal de Canal+, privés d'accréditations. Une conséquence des révélations liées à l'affaire des Panama Papers.

Fait rarissime: plusieurs médias français ont décidé de boycotter la visite de Manuel Valls en Algérie après le refus de visa à un journaliste du Monde par Alger, qui entendait protester contre la publication d'une photo du président Bouteflika le liant à tort au scandale des "Panama Papers".

Une liste qui s'allonge

France Culture, France Inter, Libération, Le Figaro et France 2 ont annoncé dans la soirée de vendredi qu'ils ne couvriraient pas la visite officielle du Premier ministre français prévue samedi et dimanche. TF1 a emboîté le pas ce samedi matin, selon nos informations.

Il s'agit d'exprimer leur "solidarité" avec le journaliste du Monde "privé de visa par les autorités algériennes en raison du traitement du scandale des 'Panama Papers' par le quotidien français, notamment les informations visant l'Algérie", ont indiqué dans un communiqué commun Libération, France Inter et France Culture.

Dans un texte distinct, Le Figaro a indiqué qu'"au nom de la liberté de la presse, il n'enverra pas de journaliste en Algérie pour suivre le voyage de Manuel Valls".

Auparavant, Alger, dénonçant une "campagne hostile" des médias français après la publication des "Panama Papers", avait pris des mesures de rétorsion en refusant des visas aux journalistes du Monde et du Petit Journal de Canal+ qui devaient couvrir une visite de Manuel Valls. Il s'agissait là aussi d'une mesure rare dans le cadre d'une visite officielle.

Une "décision de souveraineté" d'Alger

Informé dès mercredi des intentions d'Alger, le Premier ministre français a téléphoné à son homologue algérien Abdelmalek Sellal pour tenter d'obtenir la levée de la sanction, a indiqué l'entourage du chef du gouvernement. "Il a plaidé (pour) que l'ensemble de la délégation de presse qui accompagne le Premier ministre puisse bénéficier de l'autorisation de rentrer" en Algérie, a-t-on déclaré de même source.

Même s'il s'agit d'une "décision de souveraineté" d'Alger, Manuel Valls a souligné que celle-ci pourrait avoir des "effets contre-productifs" sur le rendez-vous annuel des exécutifs des deux pays. BFMTV, de son côté, a décidé de couvrir tout de même ce déplacement. Les autres médias invités au voyage de presse sont France 24, iTélé, Reuters, l'AFP, le Parisien, RTL, RFI et Europe 1.

Une "campagne hostile" à l'Algérie

Le Monde a "regretté" vendredi la décision d'Alger "liée au traitement des 'Panama Papers'", en "protestant contre cette entrave à la liberté de la presse", a indiqué son directeur Jérôme Fenoglio. L'enquête des "Panama Papers", qui a mis à jour un vaste scandale de fraude et d'exil fiscal transitant par des sociétés panaméennes, met en cause notamment l'influent ministre de l'Industrie algérien Abdesselam Bouchouareb.

Mais le quotidien Le Monde a publié le 5 avril en Une une photo du président Abdelaziz Bouteflika parmi les dirigeants mis en cause, avant de se raviser en précisant que le nom du chef de l'Etat algérien "n'apparaît pas dans les 'Panama Papers'". Dans la foulée, l'ambassadeur de France à Alger a été convoqué mercredi au ministère algérien des Affaires étrangères qui lui a fait part de son mécontentement face à ce qu'il considère comme une "campagne hostile" à l'Algérie.

"On n'a eu aucune explication", déplore le Petit Journal

Concernant le Petit Journal de Canal+, l'émission satirique semble être sanctionnée pour plusieurs sujets ces derniers mois ironisant sur l'état de santé du président algérien. "On peut imaginer que le ton de nos reportages leur déplaît mais on n'a eu aucune explication", a déclaré une source proche de la chaîne française.

R.I avec AFP