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Bientôt végétariens? Des ours bruns boudent le saumon pour les baies de sureau

Un ours kodiak, au Kodiak National Wildlife Refuge. (Photo d'illustration)

Un ours kodiak, au Kodiak National Wildlife Refuge. (Photo d'illustration) - Flickr - Lisa Hupp - USFWS

A cause du réchauffement climatique, les habitudes alimentaires des ours de l'archipel de Kodiak, en Alaska, se trouvent modifiées.

Les ours bruns préfèreraient-ils les fruits, finalement? Le réchauffement climatique provoque toutes sortes de dérèglements, jusqu’à modifier les habitudes alimentaires des ours kodiak, qui peuplent l’archipel du même nom en Alaska.

Ces ursidés se nourrissent habituellement de poisson, quitte à engloutir jusqu'à 75% des saumons qui batifolent dans les rivières pendant l’été. Une fois cette source tarie, ils se tournent vers les baies de sureau quand elles sont mûres, vers septembre.

Seulement, la température monte, même en Alaska. Et les baies de sureau mûrissent désormais plus tôt, vers mi-juillet, laissant le choix aux ours entre les fruits et le poisson. Une équipe de chercheurs de plusieurs institutions, dont les universités de l’Oregon et du Montana et l’US Fish and Wildlife Service, a alors remarqué que face à ce dilemme cornélien, les ours se tournaient vers... le sureau.

"Le petit-déjeuner et le déjeuner servis en même temps"

"C’est comme si le petit-déjeuner et le déjeuner étaient servis en même temps et qu’il n’y avait rien d’autre à manger avant le dîner", résume William Deacy, un des biologistes de l’équipe, au Guardian.

Les chercheurs ont ainsi constaté qu’en 2014, alors que la température était anormalement haute, les ours n’étaient pas dans l’eau à essayer d’attraper des saumons, mais à se gaver de baies de sureau, plus faibles en protéines, qui les font grossir plus vite.

"Si la tendance ne s’inverse pas, d’ici 2070, les baies de sureau devraient en moyenne mûrir au même moment où il y a le plus de saumon dans les rivières", estiment les chercheurs dans leur étude, publiée mi-août dans le journal scientifique PNAS.

"Ce changement de proie a atténué l’interaction emblématique entre prédateur et proie et a probablement modifié de nombreuses conséquences écologiques qui découlent de la chasse au saumon par les ours", supposent-ils également.

Néanmoins, l’ours n’est pas prêt de renoncer à son poisson fétiche: il leur permet de satisfaire la plupart de leurs besoins en énergie.

Liv Audigane