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L'activité humaine pourrait être responsable de l'herpès des tortues

Tortue atteinte d'Herpès

Tortue atteinte d'Herpès - -

La propagation d'une maladie de peau affectant les tortues marines s'est accélérée. Des chercheurs ont observé une concentration des spécimens infectés dans les zones touristiques.

Du sable fin, une eau bleue turquoise et la possibilité de nager au large aux côtés des tortues vertes. En Australie, ce rêve depuis longtemps réalité est en train d'être gâché par un fléau, la fibropapillomatose. Ce virus de la famille de l'herpès provoque des grosseurs anormales sur la peau, la langue, ou encore les yeux des tortues marines et se propage particulièrement dans les eaux de la Grande Barrière de corail.

Depuis trois ans, la doctorante Karina Jones, de l'université James Cook à Townsville, en Australie, étudie ce virus et sa propagation. Dans un article publié mardi dans la revue New Scientist, elle partage son constat: la fibropapillomatose se concentre dans les zones touristiques à forte fréquentation humaine.

"Nous observons ces tumeurs sur les tortues dans des zones très localisées à travers le monde qui se caractérisent par une activité humaine très forte", explique Karina Jones au New Scientist

Avec son équipe de recherche, la scientifique a ainsi constaté que cet herpès est le plus répandu dans une étroite bande autour de la Magnetic Island (l'Île Magnétique), située à 8 km au large de la ville de Townsville, dans la baie de Cleveland. Dans cette zone très touristique, près de 50% des tortues vertes sont touchées par la fibropapillomatose, contre 10% dans le reste de la baie.

Sans pollution, la maladie en sommeil

Si les tortues vertes évoluant dans des fonds marins encore sains peuvent également être malades, les chercheurs soulignent que le plus souvent le virus reste alors en sommeil, sans qu'apparaisse aucun symptôme. Ce qui laisse penser à Karina Jones "qu'il doit y avoir un déclencheur externe qui provoque le développement de la tumeur".

Si la pollution semble toute désignée, les chercheurs ignorent encore quels contaminants sont en cause. L'équipe de Karina Jones s'est ainsi lancée dans une analyse de la qualité de l'eau pour observer les éventuelles traces de métaux lourds, engrais ou encore pesticides, ainsi que l'évolution de leur concentration dans le temps.

Tumeurs bénignes mais aveuglantes

Alors que la tortue verte est déjà classée comme espèce en voie de disparition, les effets de la maladie ne doivent pas être minorés, a souligné Karina Jones au New Scientist

"Les tumeurs sont bénignes mais peuvent atteindre jusqu'à 30 centimètres de grosseur et ainsi obstruer le champ de vision des tortues. Ce qui signifie qu'elles ne peuvent plus trouver de nourriture ni voir les prédateurs ou les bateaux."

Affaiblies et souvent amaigries, les tortues sévèrement touchées par des tumeurs sont également plus vulnérables aux autres infections et meurent plus vite, souligne encore la chercheuse. 

La fibropapillomatose ne touche pas uniquement les tortues vertes d'Australie, et sa forte propagation inquiète aussi en Floride et à Hawaï, où la maladie sévit en particulier près des zones agricoles, qui peuvent être la source de pollution.

Ma. G.