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Le putois, bientôt un mammifère protégé?

Une association demande le retrait du putois de la liste des animaux "nuisibles".

Une association demande le retrait du putois de la liste des animaux "nuisibles". - Joanne Goldby - Flickr

La population des putois décline en France en raison de la chasse, de la pollution et de la destruction de son habitat. Une association de protection des mammifères demande son retrait de la liste des espèces nuisibles.

Le putois n’est pas celui que l’on croit. Victime de sa mauvaise réputation, tant à cause de l’odeur qu’il dégage que pour sa vieille réputation de prédateur auprès des volailles, le mustélidé est aujourd’hui menacé. C’est en tout cas le constat que dresse la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM), qui a remis début mai un rapport au ministère de l’Environnement, pour demander l’inscription de l’animal sur la liste des "mammifères protégés".

"Cela n’a plus de sens en France de le considérer comme un animal nuisible", déclare au Parisien Pierre Rigaux, naturaliste et administrateur de la SFEPM. "Il a été abondamment pourchassé pendant le XXe siècle et les menaces qui pèsent sur lui sont multiples. (…) Il devrait pourtant être considéré comme un allié des agriculteurs car il se nourrit en partie de campagnols et de rats".

"Le déclin des populations observé au cours du XXe siècle ne semble pas enrayé. Les menaces que nous avons pu détailler sont croissantes: chasse et piégeage volontaire ou involontaire, perte d’habitat (zones humides, haies) et de ressources alimentaires, mortalité routière, pollutions, pathologies et appauvrissement génétique", peut-on lire sur la page Facebook de la Société.

En mai 2016, La Montagne notait déjà que le mammifère était de moins en moins observé en Auvergne, sans que cette disparition ne soit clairement expliquée.

La SFEPM demande donc à la fois le retrait du putois de la liste des espèces classées "nuisibles" ou "susceptibles d’occasionner des dégâts" selon une nouvelle appellation, et l’inscription du petit animal "sur la liste des mammifères protégés", dans une longue étude publiée début janvier.

Une protection qui, selon la SFEPM, permettrait de "mettre en œuvre des politiques de conservation concrète: arrêt du piégeage et du tir, meilleure prise en compte des zones humides, restauration des haies bocagères, mise en place de passages à faune sous les routes, surveillance épidémiologique."

Une espèce déjà protégée en 2002

Si l’espèce n’est plus considérée comme "nuisible" en France qu’en Loire-Atlantique et dans le Pas-de-Calais, elle est "chassable" partout ailleurs sur le territoire, rappelle le rapport.

En mars 2002, le putois avait été enlevé de la liste des espèces nuisibles, avant d’y être réintroduit en novembre de la même année sous le gouvernement Raffarin. Le mustélidé est également protégé au niveau européen par la Convention de Berne de 1979, qui “assure la conservation de la flore et de la faune sauvage et de leurs habitats naturels”, et par la directive Habitats-Faune-Flore.

En Italie, en Suisse et au Royaume-Uni, le putois est une espèce protégée. Au Luxembourg, en Espagne, en Autriche, en Belgique et en Allemagne, les restrictions diffèrent selon les régions.

Liv Audigane