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Accro au boulot? Attention au burn-out!

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- - Flickr/CC/MIKI Yoshihito

Vous faites allègrement des heures supplémentaires, vous n'arrivez jamais à décrocher totalement du boulot même en vacances…? Peut-être êtes-vous accro au travail… Et s'il ne s'agit pas d'une pathologie reconnue médicalement, l'addiction au travail peut engendrer de véritables maladies.

Votre boulot vous manque quand vous êtes en congés? Vous êtes sans cesse en quête d'un wifi pour consulter vos mails pro pendant les vacances? Vous donnez tout dans votre vie professionnelle? Bref, si vous ne savez pas décrocher, c'est que vous êtes accro au boulot, "workaholic" ou encore boulomane.

Encore largement méconnu, le syndrome de l'addiction au travail n'est souvent repéré que tardivement par les médecins, au stade des complications (dépression, burn-out...), selon le Dr Michel Lejoyeux, psychiatre et addictologue.

Il faut dire que les symptômes peuvent varier grandement d'une personne à l'autre. "L'addiction au travail n'est pas mise en avant spontanément (par les patients). Il faut aller la chercher derrière des symptômes tels que des céphalées, une grosse fatigue, des troubles du sommeil, du stress ou même de l'hypertension", explique le Dr Lejoyeux.

"Besoin de travailler en permanence"

Parmi les symptômes les plus fréquents, il cite "un besoin de travailler en permanence et une sensation de manque lors des interruptions de travail". Le boulomane "ne sait pas se détendre" et travaille "essentiellement sur un mode de maîtrise obsessionnelle".

Mais tous ne seraient pas des travailleurs compulsifs. Parmi les différents types, le Dr Lejoyeux cite le perfectionniste qui procrastine longuement, hésite et vérifie avant de commencer ou encore le boulomane "gourmet" qui travaille par petites touches."On a un génie personnel pour se mettre la pression soi-même", note-t-il, "ce qui empêche de gamberger et de nous retrouver confrontés à nous-mêmes".

Des problèmes familiaux peuvent conduire à "surinvestir" le travail, mais dans d'autres cas, ce sont les managers qui "abusent" de cette tendance, ajoute-t-il en déplorant une addiction "encouragée socialement et aggravée par les nouvelles technologies".

Pour le Dr Laurent Karila, un autre psychiatre addictologue, l'addiction au travail résulte d'une "interaction entre l'environnement familial ou professionnel, d'un mode de fonctionnement personnel et de facteurs génétiques".

"On a longtemps décrit cela comme une addiction positive car propre, sans substance" mais, ajoute-t-il, ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui même si certains médecins restent réticents à parler d'addiction. Il ne s'agit toutefois pas d'une pathologie à proprement parler car elle n'est pas répertoriée dans le manuel américain des troubles mentaux, comme c'est aussi le cas pour l'addiction au sexe, une autre addiction qui fait débat.

Burn-out et conduites addictives

Mais tous reconnaissent que les complications peuvent déboucher sur de véritables maladies qui doivent être prises en charge. Il s'agit notamment d'épisodes dépressifs, mais également du syndrome d'épuisement professionnel appelé "burn-out" ou encore de conduites addictives associées (consommation excessive d'alcool, de tabac ou de substances psychoactives comme la cocaïne ou l'héroïne). Sans compter d'importantes répercussions familiales, avec un taux de divorce accru.

Pour éviter d'en arriver là, les psychiatres conseillent aux entreprises de faire de la prévention, ce qui est encore très rarement le cas en France. Car au-delà des arrêts de travail pour dépression ou burn-out susceptibles d'être évités, les entreprises pourraient avoir de meilleures performances en combattant le "présentéisme" (présence excessive au travail).

Quant aux boulomanes, il parait difficile de leur conseiller le sevrage ou l'abstinence totale. On leur propose une thérapie comportementale les incitant à "réinvestir la phase privée", souligne le psychiatre. Son conseil: avoir deux agendas, l'un professionnel et l'autre privé et faire en sorte "que les temps intimes soient aussi respectés que les temps professionnels".

La rédaction avec AFP