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Le sexisme ordinaire au travail : un fléau aux multiples facettes

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Le sexisme ordinaire est bel et bien présent dans la sphère du travail. De nombreuses femmes en sont victimes chaque jour, ce qui les pénalise au quotidien. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, s'exprime sur le sujet.

La définition du sexisme ordinaire peut apparaître encore floue. Marisol Touraine la rappelle dans un entretien accordé à metronews (1) : "Le sexisme ordinaire, c’est celui qui veut qu’on appelle une femme systématiquement par son prénom, ou qu’on s’adresse à elle en lui disant "ma petite", tout en sachant très bien que c’est dévalorisant".

Selon un rapport du CSEP (2), 80% des femmes salariées y sont régulièrement confrontées. 50% ont même déjà été victimes de blagues sexistes. Ces remarques, à force de répétitions, ne sont pas du tout anodines. Leur impact s’observe à la fois sur la santé physique et mentale de celles qui sont touchées. 93% des femmes salariées estiment ainsi que cela peut diminuer leur sentiment d’efficacité. Les conséquences ressenties sont un manque de confiance en soi, de performance et de bien-être au travail. Plus étonnant, le rapport explique qu’il existe, comme pour le tabagisme passif, un sexisme passif. Ceux qui entourent la victime souffrent aussi, comme des victimes collatérales.

Un fléau aux multiples visages

Trois formes de sexisme sont identifiées à travers le rapport d’une centaine de pages : le "sexisme ambivalent, voire bienveillant" tel que le paternalisme infantilisant, le "sexisme subtil ou masqué", qui existe notamment à travers l’humour, et le sexisme "hostile" du style "les femmes sont nulles en mathématiques". "L’interdiction de certains comportements sexistes ou des discriminations en raison du sexe figure déjà dans la loi ou le Code du travail, rappelle Marisol Touraine. (…) Notre loi est beaucoup plus protectrice qu’on ne l’imagine (…) Ce qu’il faut, c’est faire reculer la loi du silence pour que la loi de la République puisse s’appliquer". Elle ajoute également qu’il est urgent que "la lutte contre le sexisme soit intégrée dans les règlements intérieurs des entreprises".

(1) Edition du 6 mars 2015

(2) Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes : "Le sexisme dans le monde du travail, entre déni et réalité", publié le 6 mars 2015.

Fabienne Broucaret pour BFMTV