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"Les Anglais débarquent" et autres expressions décryptées

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Parler de son intimité ou de son sexe a toujours été considéré comme tabou. Le langage populaire, pour évoquer les faits sans jamais dire les mots, a trouvé une solution poétique pour s'en sortir : filer la métaphore.

Les règles de la femme sont un sujet tabou. Pour en parler sans vraiment le dire, de nombreuses expressions ont été inventées : on dit qu’on a ses "trucs", ses "affaires", ses "menstrues", ses "secours périodiques" ou encore ses "fleurs.

L’imaginaire collectif n’a jamais manqué d’inventivité pour trouver une parade. Sans compter que les tentatives d’explication sont allées bon train à travers l’Histoire, jusqu’à être parfois vraiment très étonnantes. Longtemps, on a pensé (ou du moins c’est ce que disaient les hommes), que cet écoulement régulier permettait aux femmes d’évacuer leur mauvaise humeur.

Pour qualifier discrètement et pudiquement le renouveau de l’endomètre, des tonnes d’expressions ont ainsi vu le jour. Philippe Brenot, éminent psychiatre et sexologue, en cite plusieurs dizaines dans son livre Les mots du sexe, et se penche sur l’origine de certaines. Il nous invite à comprendre pourquoi on dit ces phrases parfois très curieuses.

Pourquoi "Les Anglais débarquent" ?

Il semble que la couleur rouge du flux menstruel a beaucoup inspiré les esprits. Au XVIe siècle, si une femme saignait, on disait qu’elle avait son "cardinal", son "drapeau rouge", ou, de manière encore plus imagée, que "le cardinal était logé à la motte". Plus tard, on disait "écraser les tomates", "traverser la mer rouge", ou on évoquait les "fleurs rouges".

L’expression "mon chat a le nez qui saigne" est plutôt évocatrice, tandis que le fameux "les Anglais débarquent" a l’avantage d’apparaître plus mystérieux. Son origine fait allusion au passage de l’armée anglaise à Paris entre 1815 et 1820, qui fut, selon les témoins, bref et douloureux. La femme d’aujourd’hui semble donc encore imprégnée des blessures de l’Histoire.

"Avoir ses fleurs" : explication historique

Au XVIe siècle, les sages-femmes avaient pour habitude de dire "qui ne fleurit, ne graine". Une allégorie de la fleur génitale joliment trouvée, surtout que le mot fleur évoque le terme latin fluor, qui signifie "écoulement".

"Avoir ses ragnagnas", késako ?

Même si son étymologie n’est pas vraiment certaine, il semblerait que le terme "ragnagnas" proviendrait de "arrouganh" signifiant "désir" ou "envie" en gascon. Enfin une expression qui voit les choses du bon côté puisqu’elle décrit le début du cycle comme étant le prélude à l’amour et au désir. "D’autant que l’imprégnation hormonale stimule une recrudescence sexuelle", souligne Philippe Brenot.

Pour en savoir plus : Les mots du sexe, du Dr Philippe Brenot (éditions L’Esprit du Temps)

Psychiatre et sexologue, Philippe Brenot est également l’auteur de Nouvel éloge de la masturbation (éditions L’Esprit du Temps).

Marie France pour BFMTV