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Maxime Gaget, battu par sa compagne: "Je suis au-delà de la colère"

Maxime Gaget a subi pendant 17 mois les coups de sa compagne.

Maxime Gaget a subi pendant 17 mois les coups de sa compagne. - AFP

La violence conjugale est souvent associée aux violences faites aux femmes. Pourtant, tous les 13 jours, un homme meurt sous les coups de sa compagne. Les hommes battus semblent invisibles. C'est ce tabou que Maxime Gaget veut faire tomber en racontant le calvaire qu'il a subi durant 17 mois.

L’enfer a duré 17 mois pour Maxime Gaget. 17 mois durant lesquels il a été torturé, battu, humilié par sa compagne d’alors. Ce calvaire, il le raconte dans son livre, sorti le 12 février dernier, Ma compagne, mon bourreau. Le 9 avril, débutera le procès de son "bourreau" qu’il prénomme Nadia.

Il la rencontre en 2007. Maxime Gaget a alors 29 ans. Il est sorti meurtri d’une idylle platonique avec une femme qui a en a finalement épousé un autre. Informaticien, il rencontre Nadia sur un forum de discussion. Sept ans de plus que lui, deux enfants, un gage de stabilité pour cet homme "extrêmement timide".

Elle est extravertie, aime le rap, il préfère la musique classique. Elle a un "style bad girl des cités", il se décrit plutôt comme "sobre". Elle s’exprime dans un langage "châtié et agressif", lui est plutôt calme. Malgré ces différences, il éprouve pour elle une attirance "magnétique et irrationnelle".

Il quitte sa Charente natale et la rejoint à Paris

Première nuit d’amour, rencontre avec ses deux enfants, échanges sur Internet, l’histoire devient sérieuse. Nadia le presse de quitter sa Charente natale pour la rejoindre à Paris. Son diplôme d’informaticien en poche, il débarque dans le 11e arrondissement de la capitale. Le soir venu, Nadia lui saute dessus, dans la pièce qui sert aussi de chambre aux deux enfants. Maxime reste "paralysé, incapable de se débattre".

Nadia s’approprie progressivement son ordinateur personnel, sa carte bleue, sa carte d’identité. Le 31 décembre 2007, après une soirée de réveillon arrosée, Nadia s’énerve, et s’acharne sur lui. Premiers coups, premières gifles. Maxime veut y voir "une erreur de parcours". Le 13 janvier, Nadia le roue de coups à nouveau.

Les sévices s’enchaînent alors, et l’emprise de Nadia grandit. "Elle dévoile son vrai visage, celui d’une manipulatrice de haut vol, d’un bourreau d’une rare cruauté", raconte Maxime Gaget dans son livre. Contraint de dormir par terre avec son manteau pour couverture, il subit les douches glacées, les brûlures, les passages à tabac réguliers. Nadia lui casse ses lunettes, il perd son emploi. Il n’est autorisé à appeler ses proches que pour leur demander de l’argent. Nadia le prive d’accès à la douche, aux WC, elle lui coupe les vivres. Il vole pour assouvir sa faim. Il envisage de se suicider, mais "la colère" le fait tenir.

Pourquoi n’a-t-il pas parlé? Avec le recul, Maxime s'estimait "prisonnier": "J’aurais pu en parler. Mais j'étais déjà dans un schéma d'emprise et de psychose profonde".

"Ils ne m'ont reconnu qu'à la voix"

Le salut viendra finalement de sa famille à elle. Son frère finit par alerter sa famille qui organise une mission sauvetage à Paris. Ils le retrouvent défiguré, 30 kilos en moins: "ils ne m'ont reconnu qu'à la voix. Ils ne pouvaient pas m'identifier". Il rentre à Angoulême, se fait opérer 8 fois. Son nez et une de ses oreilles sont entièrement refaits, et 6 ans après, son corps conserve encore les traces de la violence de son bourreau. Il n’arrive toujours pas aujourd’hui à relever entièrement sa tête.

Il vit désormais chez ses parents et ne travaille pas. Du jugement de ce 9 avril, il attend encore des réponses "aux nombreuses questions" qu’il se pose. La voix calme, il se décrit comme "au-delà de la colère". "Si on définissait mon état actuel ce serait une colère plus noire que noire, c'est quelque chose d'extrêmement brutal, de très difficile à décrire".

Ma compagne, mon bourreau, Maxime Gaget, Editions Michalon

https://twitter.com/paobenavente Paulina Benavente Journaliste RMC