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Phobie scolaire: un trouble méconnu qui touche 1% des jeunes

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Il ne veut pas aller à l'école... Et si au-delà d'un caprice, il s'agissait d'un véritable trouble psychologique? Selon les médecins, 1% des jeunes seraient touchés par cette pathologie peu connu du grand public.

"Un bon coup de pied aux fesses, voilà ce dont il a besoin!". Ce fut l'un des conseils reçus par Michel, papa de Jean-Baptiste, lycéen de première. Elève correct, Jean-Baptiste séchait néanmoins régulièrement les cours. Il redouble, mais décroche au bout de quelques semaines.

Puis annonce à ses parents qu'il ne reprendra pas le chemin du lycée après ses 18 ans et s'inscrit en candidat libre au baccalauréat, qu'il décroche du premier coup. Pas de harcèlement ni de troubles de l'apprentissage, mais l'impossibilité quasi-physique de franchir le portail du lycée.

Un trouble de mieux en mieux détecté

Un trouble psychologique méconnu mais réel: la phobie scolaire. Pédopsychiatres et soignants estiment à environ 1% le nombre de jeunes qui souffrent de cette pathologie aux causes multiples.

Car ce phénomène, s'il est de mieux en mieux détecté, n'est pas nouveau. Il existe "depuis que l'école est obligatoire", note Nicolas Girardon, pédopsychiatre au centre médical et pédagogique pour adolescents de Neufmoutiers-en-Brie (Seine-et-Marne).

La phobie scolaire, un terme qui ne satisfait pas totalement les intervenants mais utilisé faute de mieux, désigne l'incapacité d'un enfant à aller à l'école pour des motifs psychologiques. On l'appelle également "refus scolaire anxieux", traduction imparfaite du "school refusal" utilisé dans le monde anglo-saxon.

Vertiges, violents maux de ventre...

Elle est à distinguer de l'école buissonnière: les enfants victimes de ce trouble ont envie d'étudier, ils ont d'ailleurs parfois de bons résultats, mais sont par exemple pris de vertige ou de violents maux de ventre les jours d'école. Dans des cas extrêmes, certains peuvent jusqu'à perdre l'usage d'un membre.

Les causes? Elles sont multiples mais se divisent en deux grosses catégories selon le Dr Girardon. Une angoisse de la séparation d'avec les parents, qui touche surtout l'enfant (il pense qu'un malheur va arriver à son père ou sa mère une fois qu'il aura quitté la maison pour aller à l'école). La dépression, associée à une phobie sociale (la peur du regard de l'autre) est, elle, détectée en majorité chez les adolescents.

"Ce n'est pas de l'école au sens strict du terme dont ces enfants ont peur, mais de tous les enjeux que l'école les pousse à devoir résoudre", à savoir l'autonomie, la difficulté à lâcher certaines choses, le fait de côtoyer des personnes autres que ses proches etc., résume le docteur Girardon.

Le risque de se couper du monde

Il faut en tout cas agir très vite, recommandent les soignants et l'association. Car "le gros risque des enfants en phobie scolaire prolongée, c'est la claustration, des jeunes qui s'enferment chez eux, ne sortent plus et ne voient plus personne", souligne Marie-France Le Heuzey, du service psychiatrie de l'hôpital Robert-Debré à Paris.

C'est ce qui est arrivé à Jean-Baptiste: "Il ne voyait plus personne". Ses parents tentent de l'inscrire à des activités extra-scolaires, "pour qu'il rencontre des gens de son âge", en vain. Des consultations avec un psychologue tournent court.

Mais beaucoup d'enfants s'en sortent. Et pour ceux qui ne peuvent pas retourner à l'école, les soignants ont pour objectif de "les aider à avoir une vie affective de qualité, retrouver une bonne image d'eux-mêmes et garder éveillée une curiosité intellectuelle", indique le docteur Girardon. "C'est toujours ça de gagné pour plus tard".

La rédaction avec AFP