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Quand l’infertilité est (surtout) dans la tête

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Quand l'enfant se fait attendre, le couple se rue souvent sur la médecine. Tests, analyses, les futurs parents veulent une réponse précise, technique et médicale. Pourtant, dans bien des cas, l'incapacité à procréer est plutôt une affaire de psychologie.

"Au bout d’un an et demi d’essais infructueux, je suis allée voir mon généraliste. Il m’a dit ‘partez en vacances en Espagne, organisez une fête, pensez à autre chose!’. Un mois après, j’étais enceinte". Ne pas réussir à avoir d’enfant n’est pas qu’une affaire de médecine pure. Céline l’a donc compris chez son généraliste, "il faut parfois savoir lâcher du lest" pour tomber enceinte.

"L’humain est fait de psychique et de physique, pointe Hugues Reynes, médecin gynécologue, spécialiste des traitements de l’infertilité. Il faut prendre en compte ces deux aspects". Car souvent, on se rue vers la médecine pour tenter de comprendre ce manque d’enfant. Olivier, 35 ans, et sa compagne, ont essayé pendant trois ans. Sans succès. Des batteries de tests, analyses et valses de rendez-vous médicaux ont montré que tous deux pouvaient procréer. "On ne nous a jamais parlé de notre environnement, de nos conditions de travail: nous avons tous les deux des horaires décalés", note Olivier. Le couple finit par avoir un enfant… naturellement après deux inséminations ratées.

"Manque profond de formation psychologique"

"Il y a un manque profond dans les formations médicales du point de vue psychologique", déplore Hugues Reynes. L’infertilité met pourtant en lumière, de manière parfois violente "des douleurs enfouies", explique le spécialiste: "Si on se précipite dans la technique, on passe outre une douleur qui n’a pas été prise en compte".

Il faut dire que les couples sont aujourd’hui plus pressés et peut-être plus enclins à médicaliser la procréation. C’est en tout cas ce que constate Hugues Reynes: "Il y a une vingtaine d’années, on était beaucoup plus patients, médecins comme futurs parents. Tout le monde est de plus en plus pressé. C’est rare qu’un couple dise ‘on n’est pas pressés, prenons notre temps’".

"C'est dans votre tête"

Pour autant, il ne faut pas négliger la médecine, tempère le spécialiste. L’infertilité relève parfois uniquement du médical. Et dans certains cas, mais c’est plus rare, ce sont les médecins qui veulent croire à un blocage psychologique. "J’ai toujours eu des problèmes de cycles irréguliers et je savais que le jour où je voudrais un enfant il faudrait que je suive un petit traitement", raconte Hélène, 31 ans. Pas très pressés, elle et son compagnon essaient tout de même d’abord de manière naturelle. Sans résultat.

Hélène consulte alors sa gynécologue qui lui explique que "c’est dans sa tête" et lui conseille d’aller consulter un psychologue. "Je l’ai assez mal pris, et sur le moment cela m’a blessée", se souvient la jeune femme. Les problèmes d’Hélène s’aggravent, elle se retrouve avec un kyste à opérer d’urgence. "Un autre gynéco a à ce moment-là pris en compte mes problèmes médicaux et m’a dirigée vers la PMA, raconte-t-elle. Médicalement il y avait des soucis et il nous était impossible d’avoir un enfant naturellement".

https://twitter.com/paobenavente Paulina Benavente Journaliste RMC