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Que faire de tous nos (bons et mauvais) souvenirs?

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- - Flickr/CC/ViktorDobal

Comment vivre avec ses souvenirs sans y sombrer? Faut-il faire table rase du passé? Le psychiatre Michel Lejoyeux vous explique comment trouver un équilibre entre souvenirs envahissants et oubli total du passé.

"Je suis quelqu'un de très nostalgique", reconnaît Julien. "Je suis souvent dans le passé, très peu dans le présent et encore moins dans le futur", raconte-t-il aussi. Alors que faire de tous ces souvenirs qui se rappellent à nous?

Pour le psychiatre Michel Lejoyeux, il y a deux écueils à éviter vis-à-vis de nos souvenirs:

- On ne peut pas se dire "je suis un homme ou une femme sans passé, sans souvenir. Je ne vis que dans l'ici et maintenant. Il n'y a pas de travail sur soi qui ne repasse pas par le passé. Freud l'avait dit: 'l'enfant est le père de l'homme', notre passé nous engendre et nous détermine".

-Deuxième écueil: certaines personnes pensent que parce qu'elles ont vécu des événements difficiles elles sont condamnées par leur passé.

Tout le travail est donc là: accepter ses souvenirs sans pour autant les laisser nous paralyser. Et dans les histoires d'amour, il est commun de se focaliser sur les mauvais souvenirs. "Les mauvais souvenirs ont une place plus importante, c'est comme ça. Dans une vie de couple on se souvient beaucoup plus des moments de conflits que des soirées d'harmonie, c'est injuste mais c'est la réalité", explique le psychiatre.

"L'influence du passé peut se modifier"

Mais ces mauvais souvenirs ne sont pas voués à nous influencer toute notre vie. En effet, souligne Michel Lejoyeux, "l'influence du passé peut se modifier. Nous sommes déterminés par des choses qui ne sont pas fixes".

D'ailleurs, chacun de nous peut influer sur sa "case souvenir": "Le volume de souvenirs conservés dans une tête est à peu près stable donc si on peut faire rentrer de force des souvenirs agréables, on va laisser moins de place aux souvenirs désagréables. Il y a un vrai travail de sélection à faire", pointe le psychiatre.

Et s'il est parfois tentant de se réfugier dans ses souvenirs, de se dire que "c'était mieux avant", il est important de réinvestir le présent. Pour autant, un peu de nostalgie n'est pas non plus un signe négatif!

"Il ne faut pas médicaliser la nostalgie. Parfois certaines personnes qui repensent au passé se demandent si elles ne sont pas en train de couver quelque chose. On peut avoir des accès de nostalgie et ce n'est pas un indice de fragilité", explique aussi Michel Lejoyeux.