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Le petit manuel pour apprendre à contrôler notre susceptibilité

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Se vexer facilement arrive à beaucoup d’entre nous, et ce, quel que soit notre âge. Mais il faut savoir que ce trait de caractère cache bien souvent une souffrance. Pour réussir à devenir plus apaisé, il faut alors d’abord réussir à identifier la raison de nos réactions.

Etre moins exigeant avec soi-même

Les douleurs de l’enfance, comme un manque d’amour, de compréhension ou de douceur, peuvent avoir des répercussions sur l’adulte que l’on est devenu. Les manques liés au passé ressurgissent la plupart du temps lors des aléas du quotidien. Selon Christophe-André*, psychiatre et psychothérapeute, "leur guérison est liée à la bienveillance que l’on peut s’accorder. Il faut apprendre à s’accepter avec ses défauts, à se réconforter et à s’encourager après un échec. L’autocompassion stabilise notre ego, elle nous protège du risque dépressif et nous permet de garder notre énergie, au lieu de la gaspiller en vaines colères contre soi."

*Auteur de Les états d’âme. Un apprentissage de la sérénité (-Odile Jacob).

Adopter la pensée positive

Les couples qui se disputent en permanence sont souvent constitués de deux personnes susceptibles. Ces comportements cachent parfois des bénéfices inconscients, que le sexothérapeute Alain -Héril* propose de trouver. Ces excès de colère peuvent-être en effet une manière d’éviter l’intimité et de vous maintenir à distance l’un de l’autre. Il faut donc, peu à peu, essayer de comprendre ces souffrances qui vous bloquent dans des schémas agressifs. "C’est un travail d’introspection très efficace : on se met en recul de soi-même, on entre alors dans un processus de changement et de réparation de l’enfance."

*Auteur de Aimer, comment s’aimer soi-même pour aimer les autres (Flammarion).

Se recentrer sur soi-même

"Il est primordial d’écouter ses sens pour prendre du recul et pour éviter de ressasser des idées empoisonnantes", propose -Stéphanie Hahusseau*, psychiatre. Par exemple, si vous êtes en route pour un rendez-vous où vous savez qu’on va vous critiquer, profitez du trajet pour vous recentrer sur vous-même. Si vous êtes en voiture, concentrez votre attention sur la sensation procurée par vos mains posées sur le volant, regardez le paysage qui défile, ou mettez la radio. Libéré de ces pensées négatives qui facilitent l’agressivité, vous pourrez ainsi aborder votre rendez-vous dans un état d’esprit constructif.

*Auteure de Tristesse, peur, colère. Agir sur ses émotions (Odile -Jacob).

Avoir un but précis

Au travail, votre patron use régulièrement de phrases humiliantes contre vous. Pour éviter de perdre tous vos moyens, le mieux reste de se fixer un code de conduite, qui peut se traduire par trois questions à lui poser. "C’est déjà une façon de se sentir sujet et non plus objet, explique Isabelle Filliozat*, de créer une dynamique vers un but. Résultat : on est plus attentive à ses propres actes qu’à ce que font ou pensent les autres."

 *Auteure de Les Autres et moi. Comment développer son intelligence sociale (JC Lattès).

Privilégier la parole

En cas d’irritabilité, pensez toujours à mettre des mots sur ce que vous ressentez, conseille le psychothérapeute Hervé -Magnin*. Plutôt que de vous emporter contre les blagues de votre conjoint, que vous avez parfois du mal à digérer après de grosses journées, demandez-lui d’éviter l’humour quand il vous sent à cran. Dites-lui que vous avez besoin de vous détendre et que vous n’avez pas envie de vous énerver. Si la situation est hostile, par contre, n’appliquer pas cette règle, qui risquerait de lui donner l’avantage.

*Auteur de Susceptible et bien dans ma peau (Jouvence).

Prendre son temps avant de riposter

Il arrive que nos réactions ne soient pas toujours adaptées, comme de riposter de manière maladroite ou de se résigner en silence, lorsque votre patron vous accuse de ne pas être suffisamment dynamique au travail. "Quand l’émotion est forte, nos réactions sont souvent épidermiques", explique Hervé -Magnin. Pour éviter cela, il existe plusieurs moyens :

Ne pas répondre pour commencer. Respirez profondément et concentrez votre attention dessus.

Trier les informations. Repensez à la discussion, et demandez-vous ce qui vous paraît juste et ce qui ne l’est pas.

Laisser décanter. Essayez de gagner du temps pour pouvoir prendre du recul et nuancer votre réaction. Vous pouvez le faire en utilisant cette phrase "J’ai bien écouté, j’ai besoin de temps pour y réfléchir, peut-on se revoir demain pour en parler ?"

Transformer ses relations

"Il n’y a qu’à toi que ça arrive, ce genre de choses". Votre mère sait très bien comment appuyer sur la corde sensible, ce qui dégrade la communication entre vous. Pour sortir de cette situation, la psychothérapeute Catherine Aimelet-Périssol*, conseille de réfléchir au type de relation que vous aimeriez entretenir avec elle. Plutôt que de subir votre histoire, construisez-là. "Réfléchir à la qualité de la relation ouvre à l’action. On voit l’autre différemment. Cela aide à l’écouter et à se centrer sur lui."

Si vous voulez un rapport sain et affectueux avec votre mère, faites le choix d’accepter ses maladresses, d’apaiser ses inquiétudes, et ne lui racontez que les moments positifs de votre semaine.

Comprendre les angoisses de l’autre

Célibataire, même à 40 ans passé, vous avez envie d’exploser lorsque votre amie insiste : "Tu n’as pas peur de finir seule ?" Evitez cette colère, car elle n’est pas utile, comme l’explique Isabelle –Filliozat, "ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité. Dans le fond, votre amie ne parle pas de vous, mais de sa peur de l’abandon, de la solitude, de l’âge et de la mort. En comprenant ce mécanisme, on peut s’immuniser contre des souffrances inutiles."

Faire une introspection

Dès qu’une pensée nocive nous traverse l’esprit, du style "personne ne m’aime", il faut immédiatement se poser les quatre mêmes questions, comme l’explique la formatrice -Byron -Katie* :

Cette réflexion est-elle fondée ?

Puis-je l’affirmer avec certitude ?

Quel est l’effet que cette pensée provoque en moi ?

Si elle n’existait pas, comment me sentirai-je ?

  • Une fois ce travail accompli, changez le sens de la phrase. Dites-vous, par exemple, "les autres m’aiment", et listez tous les cas où elle se vérifie. Pour inverser la phrase, vous pouvez aussi vous dire "J’ai du mal à aimer les autres." Encore une fois, réfléchissez à toutes les circonstances où cela se vérifie. Cet exercice approfondi sur nos projections est très utile, surtout lorsque nous reprochons aux autres ce que nous refusons de voir en nous.
Aurélie Buhagiar pour BFMTV