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Le Petit Journal de Canal+: Martin Weill et son équipe interpellés au Maroc

Martin Weill

Martin Weill - Canal+

L'équipe de journalistes, qui enquêtait sur une agression homophobe dans le royaume, a été interpellée avant d'être expulsée du territoire marocain, faute d'autorisation de tournage.

Le journaliste Martin Weill et les membres de son équipe ont été interpellés dimanche au Maroc avant d'être expulsés du pays, alors qu'ils enquêtaient pour Canal+ sur une agression homophobe, ont rapporté lundi des médias locaux et un militant des droits de l'Homme.

Selon le site en ligne Qushq, l'équipe de l'émission Le Petit Journal était arrivée dimanche dans la ville de Beni Mellal, où s'est tenu lundi le procès d'un homosexuel et de ses agresseurs.

Une autorisation spéciale nécessaire

L'équipe de la chaîne cryptée a été arrêtée quand elle a commencé à filmer des séquences dans le quartier où réside la victime, qui avait été agressée en mars avec un autre homosexuel dans un appartement. Un responsable de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) à Beni Mellal, Abdel Rahim Hajji, a confirmé l'arrestation des journalistes.

Le site Média 24 a affirmé, citant des personnes accompagnant l'équipe de Canal+, que les journalistes avaient été interrogés après leur interpellation. Une source officielle non identifiée, citée par ce même site, a précisé que l'équipe avait eu interdiction de filmer car elle ne possédait pas l'autorisation spéciale nécessaire. Aucune confirmation n'a pu être obtenue auprès des autorités.

Selon un journaliste de Canal+, un confrère et un cadreur préparaient un sujet sur les droits des homosexuels et avaient déjà tourné à Casablanca et Rabat. A Beni Mellal, tous deux ont été "dénoncés par des habitants du quartier qui soutiennent les agresseurs". Ils n'avaient pas demandé d'autorisation, "qui ne s'obtiennent quasiment jamais ou bien trop tard".

Une nuit sous surveillance avant d'être expulsés

Pour cette raison, ils ont été arrêtés et ont passé une douzaine d'heures à la préfecture de Beni Mellal, avant d'être confiés à la police de l'aéroport de Casablanca. Ils ont passé la nuit sous surveillance avant d'être mis dans l'avion lundi matin, selon la même source. Leur sujet a été diffusé ce lundi soir dans Le Petit Journal.

Dans un communiqué, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé l'arrestation et l'expulsion des deux journalistes, estimant qu'ils faisaient "simplement leur travail". "Les expulsions de journalistes étrangers par les autorités marocaines sont de plus en plus fréquentes et sont extrêmement inquiétantes pour l'avenir de la liberté de l'information dans le pays", a ajouté la responsable de RSF pour l'Afrique du nord, Yasmine Kacha.

Plusieurs associations réclament l'abrogation de l'article 489 du code pénal marocain selon lequel l'homosexualité est passible de trois ans de prison.

R.I avec AFP