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Le présentateur météo Philippe Verdier écarté de l'antenne par France 2

Philippe Verdier, le 21 mars 2013

Philippe Verdier, le 21 mars 2013 - Bertrand Guay - AFP

Le chef du service météo de France Télévisions affirme avoir reçu un courrier de la part de la direction, lui demandant de ne plus venir travailler. Son livre sur le réchauffement climatique en serait la cause.

Philippe Verdier, chef du service météo de France Télévisions, auteur d'un livre relativisant les conséquences du réchauffement climatique, a annoncé mercredi que son employeur lui avait demandé par lettre de ne pas venir travailler à cause de la parution de cet ouvrage.

"J'ai reçu un courrier qui me demande de ne pas venir", a déclaré sur RTL le présentateur des bulletins météo sur France 2, qui a publié le 1er octobre Climat investigation paru chez Ring, dans lequel il met en cause la probité des scientifiques du Groupe d'experts sur l'évolution du climat (Giec) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. 

"Cela a à voir avec mon livre"

"Je n'en sais pas plus, je ne connais pas la durée de la décision", a-t-il déclaré, ajoutant: "Cela a à voir avec mon livre". "C'est une décision de France Télévisions, je ne suis pas en congé", a précisé le présentateur qui initialement devait retourner à l'antenne lundi après une campagne de promotion de son livre. Ce dernier a précisé au micro d'Europe 1 ce jeudi matin qu'il avait rendez-vous avec la direction de France Télévisions la semaine prochaine. Un entretien qui pourrait aller jusqu'à son renvoi.

Contacté, France Télévisions n'a pas souhaité commenter la situation de Philippe Verdier mais a rappelé une règle déontologique "selon laquelle on ne peut pas utiliser son statut professionnel, porté par l'image de l'entreprise, pour faire avancer des opinions personnelles".

Depuis une semaine, l'ouvrage fait l'objet de critiques dans la presse et a conduit Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy, à s'en prendre de manière virulente aux climatosceptiques sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre "ceux qui disent 'en fait le changement climatique n'existe pas ou c'est pas grave, c'est formidable, on ira plus souvent à la plage'" et "ces gens" de l'industrie du tabac ou de l'industrie de l'amiante qui "pendant des décennies" ont nié le danger.

"Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer"

Dans son livre, l'auteur, qui réfute le terme de climatosceptique, défend "les très nombreuses conséquences heureuses et positives du réchauffement". Il met aussi en avant les "incertitudes des scientifiques". Les experts du climat affirment de manière unanime qu'à long terme les conséquences du changement climatique auront des conséquences dramatiques, si rien n'est fait pour contenir le réchauffement, dont la vitesse est inédite.

Philippe Verdier, qui n'est pas climatologue, estime qu'on lui reproche sa "liberté d'expression" à quelques semaines de la COP21, la conférence prévue fin 2015 à Paris-Le Bourget où un accord mondial pour limiter le réchauffement est attendu. "Je me suis mis sur la route de la COP21, qui est un bulldozer, voilà le résultat", dit-il.

Philippe Verdier se sent "sali"

Quant à savoir qui est à l'initiative de cette décision, le présentateur météo avoue "ne pas savoir d'où ça vient": "C’est possible que ça soit l’Elysée qui soit intervenu dans cette affaire, déclare-t-il sur Europe 1. Quand quelqu’un se met au travers de la route de la COP21, ça gêne l’Élysée. Si Nicolas Sarkozy avait été au pouvoir, j’aurais écrit la même lettre. Ce n’est pas une lettre contre François Hollande. Je ne me suis pas attaqué à lui. Je l’ai invité à planter un chêne dans la cour de l’Elysée". 

Sur RTL, ce dernier se dit aujourd'hui "sali" et "attaqué dans son métier", parle de "scientifiques manipulés", "des médias aveuglés", "des ONG mercantiles" et "des religions en quête de nouveaux crédos".

Aujourd'hui, Philippe Verdier assure "ne rien attendre des syndicats de France Télévisions" et "assume chaque phrase, chaque virgule de ce livre". France 2 savait que j’allais écrire ce livre, connaissait sa teneur. Ils l’ont reçu, et ne m’ont rien dit", conclu-t-il. 

Romain Iriarte avec AFP