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Quand les émissions de Canal+ ironisent sur la "méthode Bolloré"

Yann Barthès dans "Le Petit Journal" de Canal+.

Yann Barthès dans "Le Petit Journal" de Canal+. - Capture d'écran Canal+

Du Petit Journal à Touche pas à mon poste! en passant par Salut les Terriens, de nombreuses émissions du groupe Canal+ n'ont pas manqué de multiplier les allusions à la révolution interne qu'a entrepris Vincent Bolloré cet été.

Difficile d'éviter le sujet. Difficile, mais délicat aussi. Au cours de l'été, Vincent Bolloré a fait le grand ménage à Canal+. De nombreuses têtes sont tombées au sein des différentes chaînes du groupe. Un véritable jeu de chaises musicales s'est opéré à la présentation des émissions. Les Guignols ont bien failli passer à la trappe. Après cet été meurtrier, la rentrée était forcément tendue dans les coulisses. Mais aussi à l'antenne.

Au nom du fameux "esprit Canal", les trublions et autres poils-à-gratter de Canal+ ou D8 pouvaient-il éluder le sujet qui a fait couler beaucoup d'encre ces dernières semaines dans leurs émissions? Si certains programmes (comme Le Grand Journal, Le Tube ou Le Supplément) se sont abstenus de faire référence à la situation qui a agité le groupe depuis le mois de juin, d'autres n'ont en revanche pas manqué de faire des clins d'oeil (et des tacles en douceur) à celui qui a pris le contrôle de la chaîne: Vincent Bolloré. 

Le Petit Journal

Dès leur rentrée le 7 septembre dernier, Yann Barthès et ses équipes du Petit Journal n'ont pas hésité à mettre les pieds dans le plat en ironisant sur "l'été agité" qui avait secoué le groupe Canal+. L'animateur expliquait, photo de son nouveau patron à l'appui, que Vincent Bolloré était à l'origine de cette "tempête interne". Du magnéto baptisé "L'instant président" réalisé à l'université du MEDEF au clip parodique version N.W.A: Straight Outta Compton d'Eric et Quentin, le nouvel homme fort de Canal+ était bien la star de la rentrée du Petit Journal. Bien malgré lui.

Catherine et Liliane 

Si Yann Barthès a arrêté les allusions à son nouveau patron après la rentrée, ce n'est pas le cas de sa pastille humoristique emmenée par le duo Catherine et Liliane (formé par Alex Lutz et Bruno Sanches). Après avoir gentiment taclé Vincent Bolloré le premier jour, le binôme a remis ça le lendemain en jouant sur la peur que provoque l'évocation de "celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom" dans les couloirs de Canal+. Dans leur sketch du 8 septembre, en apprenant que Vincent Bolloré voulait les rencontrer, l'un des deux personnages s'affole: "Mais on n'a rien fait !". Et sa collègue d'ajouter: "Je ne pensais pas que je serais dans le charter, une pauvre secrétaire de rien du tout..." Et de lancer alors à sa complice, accusatrice: "Fallait pas volet ce stylo bille, ça creuse le budget d'une chaîne, lui il fait ses calculs... Il pense qu'à ça ! En plus, je suis sûre qu'on est filmé dans cette foutue boîte, c'est la stasi !" Une comparaison plutôt osée...

Touche pas à mon poste!

La blague de trop ? Le 31 août dernier, Bertrand Chameroy, chroniqueur de Cyril Hanouna dans Touche pas à mon poste!, avait lui aussi décidé de faire référence aux turbulences estivales survenues dans le groupe Canal+ (auquel la chaîne D8 appartient). Dans le cadre de sa chronique, le protégé d'Hanouna imaginait une conversation par SMS avec son nouveau patron. La discussion se terminait par un gag récurrent dans l'émission, la fameuse question "Est-ce que vous l'avez vu?". A la fin du sketch, le portable du chroniqueur sonnait, indiquant en appel provenant de Vincent Bolloré en personne. Bertrand Chameroy, feignant la panique, s'exclamait alors: "Non, non, je ne veux pas finir comme Les Guignols, c'était une vanne, s'il vous plaît !"

Selon le site Puremédias, le sketch du chroniqueur aurait fortement déplu à Vincent Bolloré qui aurait demandé aux équipe de Touche pas à mon poste! qu'on ne fasse plus aucune référence à lui dans le talk-show. Consigne respectée, même si le 10 septembre dernier, Cyril Hanouna répondait aux rumeurs en assurant qu'il n'y avait "aucune censure", promettant même aux téléspectateurs de faire prochainement "une grande fête dans le bureau du patron". Mais la date de la "fête" n'a visiblement pas encore été fixée...

Salut les Terriens!

Son nom n'a jamais été prononcé dans la chronique de Stéphane Guillon, mais sa présence n'était pas loin, cachée dans les sous-entendus de l'humoriste qui faisait son retour dans l'émission de Thierry Ardisson le 12 septembre dernier. Pour sa première chronique de la saison, le trublion à la plume incisive avait choisi de parodier Nicolas Sarkozy, un proche de... Vincent Bolloré. Imitant l'ancien président de la République, Stéphane Guillon expliquait: "Je ne comprends pas l'attitude de Canal, qui d'un côté, prend les bonnes décisions, met les Guignols en crypté, et qui de l'autre, remet à l'antenne un garçon qui pratique la méchanceté, et les attaques 'ad hominem'. Je me donne beaucoup de mal pour que Canal soit la meilleure chaîne possible. Avec tout ce que j'ai à faire, être directeur des programmes, c'est pas facile... Et que dans mon dos, on embauche Stéphane Guillon, Thierry Ardisson je vous le dis, c'est pas normal..." Même cryptée, la référence était claire.

Importantissime

La plus belle référence à la "méthode Bolloré" est certainement signée Chris Esquerre. Dans sa pastille humoristique Importantissime du 12 septembre, celui-ci dévoile les coulisses d'une chaîne qui change de direction et multiplie les allusions directes à Vincent Bolloré (sans le nommer) et sa façon de mener sa révolution interne: les têtes qui tombent, les coupes dans le budgets, la menace permanente du licenciement, les vacances écourtées, les rentrées des programmes retardée... Un sketch drôle et acerbe conclu par une phrase qui en dit long sur l'état d'esprit en cette rentrée au sein la chaîne: "On prend les mêmes et on recommence. Je vais juste faire un beau discours pour endormir les journalistes".

Fabien Morin