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À Paris, un vignoble secret produit quelques dizaines de bouteilles par année

Un jardinier de la ville de Paris s'occupe d'un plan de tomates jouxtant la vigne de la butte Bergeyre.

Un jardinier de la ville de Paris s'occupe d'un plan de tomates jouxtant la vigne de la butte Bergeyre. - CRÉDITERIC FEFERBERG / AFP

Il y a les vignes de Montmartre, bien connues des Parisiens curieux et amateurs de vins, et il y a cette parcelle, tout à fait méconnue. Du côté de la butte Bergeyre, à côté du parc des Buttes-Chaumont, un mini-vignoble produit quelques dizaines de bouteilles de rosé chaque année. Visite.

Elles poussent là où on ne les attend pas, à quelques encablures de la place du Colonel Fabien et de la grouillante avenue Jean Jaurès, dans le XIXe arrondissement de Paris. Accrochées à flanc de colline, ces vignes font leur vie dans un petit jardin municipal du nord-est de la capitale. Une parcelle très peu connue qui permet de faire quelques dizaines de bouteilles par an, avec plus de 380 kilos de raisins blanc (Chardonnay, Muscat) et rouge (Pinot noir). En tout, ces 230 pieds de vigne ont une vue imprenable sur le Sacré-Coeur, loin de la beaucoup plus célèbre parcelle de vignes de Montmartre.

Et les prévisions pour cette année sont optimistes. "On aura sûrement une bonne récolte cette année, car la vigne résiste à la sécheresse", prévoit Laurent Guyot, agent de maîtrise horticole à la mairie de Paris. L'an dernier la vendange avait déjà été exceptionnelle. 

Une bonne récolte depuis 2010

Cette vigne urbaine est née de la curiosité d'un jardinier municipal, qui décide, un jour de 1995, de planter un pied de vigne dans la terre du charmant square en pente. Le jardin, fermé au public en raison de sa "trop forte déclivité", est bichonné par les agents de la mairie. Un magnifique potager y produit tomates, concombres, aubergines, potirons, figues, maïs ou encore pommes de terre.

Les ceps s'y plaisent rapidement, mais la vigne ne produit une récolte digne de ce nom que depuis 2010. Il faut dire qu'au fil des années, les jardiniers municipaux ont perfectionné les soins qu'ils lui apportent, pour éviter au maximum les maladies. "Les nouveaux pieds viennent de variétés spécialement étudiées par l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) pour avoir moins besoin de traitements chimiques", explique Laurent Guyot.

Objectif: produire "le plus bio possible". En quelques années, le nombre de traitements annuels de la vigne est passé de 20 à 7, et les jardiniers n'utilisent plus que des produits de "biocontrôle" sans produits chimiques, alternatifs aux pesticides. Pour les vendanges, une dizaine de jardiniers sont mis à contribution. "Une fête", sourit l'agent de la Ville.

Cinq vignobles à Paris

La vinification se fait sous la direction d'une œnologue aux chais de Bercy, près de la Seine dans l'est de la capitale, comme pour les autres vins produits à Paris, à l'exception de ceux de Montmartre, qui possède sa propre cave. Outre ceux des buttes Montmartre et Bergeyre, la capitale compte trois autres vignobles, dans les quartiers de Bercy, Belleville et au Clos des Morillons dans le 15e arrondissement.

A eux tous, ils ont produit l'an dernier plus d'un millier de tonnes de raisin, dont la majeure partie à Montmartre (676 tonnes). Le vin fabriqué au pied du Sacré-Coeur est d'ailleurs le seul à être vendu. Les autres bouteilles, dont celles de la butte Bergeyre, sont ouvertes lors de dégustations organisées à l'occasion de la fête des jardins, fin septembre. La mairie de Paris mettra bien ses vignobles à l'honneur, en organisant à l'automne sa première fête des vignes.

I.V. avec AFP