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Apprendre à accepter les compliments

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Face aux compliments : comment réagissez-vous ? Etes-vous content ou au contraire, sur la défensive ? Des professionnels vous aident à connaître la raison de vos réactions dans cette situation.

Il arrive qu’on se braque lorsqu’on nous fait des compliments. Comme pour des cadeaux, ils peuvent nous gêner, au lieu de satisfaire notre besoin de reconnaissance. En cas d’éloges sur nos habits, on "répond" par un silence embarrassé. Si on nous félicite au boulot, on rétorque immédiatement : "Je n’étais pas seule."

"Nous sommes tous des handicapés du recevoir, explique le psychosociologue Jacques Salomé (1). Là où l’on pourrait montrer à quel point la remarque nous touche, et partager ce plaisir avec l’autre, nous doutons. Peut-être qu’il se moque. Peut-être qu’il (ou elle) attend quelque chose en échange. On se demande aussi si accepter ne serait pas quelque peu prétentieux." Pourtant, accepter que les autres nous valorisent permet de gagner en maturité. Pas de panique cependant si vous avez du mal, cela s’apprend.

Se faire des compliments

Les personnes ayant été critiquées par leurs parents dans leur enfance, ont souvent du mal à accepter la louange une fois adulte. Plus étonnant, celles qui ont été trop valorisées, ont également tendance à souffrir du même mal. "Dire à un enfant que tout ce qu’il fait est merveilleux, sans nuancer le discours, est tout aussi préjudiciable que de le désavouer sans cesse, souligne la psychanalyste Isabel Korolitski. Il en résulte une méfiance vis-à-vis de la parole adulte, il y a un doute permanent."

Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas incurables. Il est possible d’apprendre à se juger moins sévèrement, et à accepter que les autres nous apprécient. Pour réussir à tolérer les compliments qu’on nous adresse, on peut déjà commencer par s’auto-complimenter.

Mettre son orgueil au placard

Par peur d’être redevable en retour, vous détestez qu’on vous jette des fleurs. La solution : prononcez le mot magique. Un simple merci est un bon moyen pour ne pas avoir l’impression d’être pris au piège, tout en acceptant les mots positifs.

Ne vous dévalorisez pas non plus quand on vous félicite au travail, en répondant que ça ne vous a pas demandé beaucoup d’effort. Répondez au contraire, que cela vous touche d’autant plus que vous vous êtes beaucoup investi. A force de parer les compliments, vos interlocuteurs risquent de penser que vous n’accordez aucune importance à ce qu’ils vous disent. Voire même pire, que vous n’avez aucun mérite.

La peur de passer pour une personne prétentieuse peut aussi être une des raisons à l’origine de ce refus de compliments. Une crainte inculquée par notre éducation judéo-chrétienne. Pour y remédier, faites preuve d’humilité. Cela peut paraître contradictoire en apparence, mais ne pas accepter de louanges pour ne pas paraître prétentieux, est au fond, orgueilleux. Isabel Korolitski soulève ce paradoxe : "Se montrer humble, n’est-ce pas accepter que l’avis des autres soit valable ?", avant de rajouter "ne pas supporter d’être applaudie pour un trait de sa personnalité signifie que l’on ne supporte pas d’être imparfaite sur le reste. Or, devenir adulte, c’est accepter que tout être humain possède des qualités et des défauts."

"Renoncer à vouloir être universelle, admettre que l’on ne peut pas plaire à tout le monde, voilà qui est important pour pouvoir enfin accepter que quelques-uns puissent aimer certains aspects de nous", poursuit-elle. Lâchez un peu de leste, et autorisez-vous à recevoir ce que l’on vous offre avec plus de légèreté. Essayez de considérer ces louanges pour ce qu’elles sont : des paroles généreuses qui n’impliquent aucun engagement. Vous en retirerez un grand avantage : "Si vous parvenez à répondre positivement aux compliments, probablement saurez-vous écouter plus facilement les critiques", conclu la psychanalyste.

1. Auteur de À qui ferais-je de la peine si j’étais moi-même (Les Éditions de l’Homme).

Marie France pour BFMTV