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"Dans ma famille, la sexualité était taboue"

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- - Flickr/CC/Jorge Miente

A 50 ans, Florence a toujours eu du mal à assumer sa sexualité. Le sujet était tabou dans sa famille, personne ne parlait jamais d'intimité, encore moins de vie sexuelle. Une situation qui affecte encore sa vie intime de femme mûre.

Florence: Chez moi on ne parlait pas de sexualité, c'était tabou. Encore aujourd'hui, je suis affectée dans ma vie sexuelle. Je suis incapable de faire le premier pas. J'ai besoin de faire l'amour dans le noir. Je n'ose pas me déshabiller devant mon partenaire. Est-il trop tard pour commencer une vie sexuelle plus épanouie?

La réponse de Bruno Ponsenard, sexologue: Il n'est jamais trop tard pour changer surtout si vous en avez le désir. A votre âge le seul enjeu de la sexualité c'est de vous donner du plaisir.

Vers l'âge de 6 ans, il y a ce que l'on appelle l'amnésie infantile qui est un processus de construction de l'individu. L'enfant a plein de choses qui se passent en lui et qu'il oublie fort heureusement, notamment le fameux complexe d'Œdipe. C'est une période durant laquelle l'enfant va se construire dans sa sexualité avec le modèle de ses parents. Et en fonction de ce modèle qu'il va voir et percevoir, il va faire ses propres expériences.

Mais la période jusqu'au rapport sexuel va être conditionnée par le modèle parental. Donc selon la famille, selon que les parents s'embrassent, l'enfant va percevoir une intimité. Dans certaines familles, cela n'existe pas. Par exemple, à la question de l'intimité entre ses parents, une patiente m'a répondu un jour: "ils s'embrassaient sur la joue le jour de leur anniversaire", ce qui en dit long sur la sensualité transmise.

"Le 'trop', c'est comme le 'pas assez'"

Sans pour autant tomber dans l'exhibition, quand des parents disent à leurs enfants qu'ils ont besoin de moments d'intimité en couple, cela fait comprendre aux enfants qu'il se passe quelque chose.

Les matrices éducatives sont importantes. Le 'trop' c'est comme le 'pas assez'. Dans mon quotidien de thérapeute, je rencontre des inhibitions, soit parce que les parents ont été trop libertins: quand les enfants sont au courant cela fait des dégâts énormes, car il y a un problème de repères. A l'inverse, quand on n'en parle pas, l'enfant pousse dans le doute. Et quand les pulsions arrivent vers 12 ans, l'enfant ne sait pas trop quoi en faire car il n’est pas prêt. Il y a presque une connotation sale, qui doit rester caché.

Développer sa sensualité

Ce qui est important, c'est que vous arriviez à prendre du plaisir. L'organe du sexe c'est le cerveau. Vous pouvez essayer de vous détendre, boire un verre ou deux (avec modération, donc!) ou même consulter un thérapeute.

Autre truc: quand on fait l'amour, une musique un peu forte peut aider le cerveau à se débrancher. On peut aussi jouer sur une lumière tamisée ou travailler aussi sur l'odorat. Toutes ces choses aident à créer un cocon dans lequel vous pouvez vous lâcher. Il s'agit d'évacuer tout ce qui touche à nos tabous et à nos limites et de créer un cadre favorable à la détente.

On peut aussi développer sa sensualité. Vous pouvez réussir à mieux bouger dans votre corps, à mieux ressentir les choses. Dans votre cas, dès qu'il y a une rencontre charnelle, la tête reste très présente et dit stop. Si vous laissez votre corps prendre le pouvoir et si vous apprenez à appréciez les sensations de votre corps, cela peut doucement vous amener à ressentir plus de choses. Et peut-être qu'à un moment donné les choses vont basculer.

la rédaction