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Grâce de Jacqueline Sauvage: "Je la comprends, j'ai failli le faire", témoigne une ancienne femme battue

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- - Flickr/CC/Pulpolux

La mobilisation pour Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir tué son mari violent puis gracié ce dimanche par François Hollande, met un coup de projecteur sur les violences conjugales. Plus de 200.000 femmes par an en serait victime. Patricia a fait partie de ces femmes et témoignait ce lundi sur RMC.

Jacqueline Sauvage bénéficie finalement d'une grâce présidentielle. Cette mère de famille de 68 ans, avait été condamnée en appel en décembre 2015 à 10 ans de réclusion pour avoir tué son mari violent de trois coups de fusil dans le dos en 2012.

Face à une mobilisation inédite, François Hollande lui a accordé une grâce présidentielle partielle. Elle pourra donc bénéficier d'une libération conditionnelle dès la mi-avril.

Patricia, qui témoignait sur RMC, a attendu cette grâce tout le week-end. Ancienne femme battue, elle dit comprendre ce qui a poussé Jacqueline Sauvage à tuer son mari. "Je pense qu'il devrait y avoir un état de légitime défense différé comme au Canada. Une femme qui est maltraitée est sous l'emprise complète de cette personne qui a tendance en général à l'éloigner des siens, à créer autour d'elle une espèce de prison. Il est impossible de réagir face à ces personnes-là, on n'a pas le courage", estime-t-elle.

"La peur est constante"

"La peur est constante, tous les jours, toutes les nuits. Ça vous tiraille au ventre, la peur pour vous, pour vos enfants", raconte-t-elle." Je comprends Jacqueline Sauvage, j'ai failli le faire. Combien de fois j'ai failli mettre fin à quelque chose? Je ne savais pas comment m'y prendre mais j'aurais pu faire exactement ce qu'elle a fait et je pense qu'il faut arrêter de dire que ces gens-là sont faibles. Ce sont des femmes qu'il faut aider. Et rien n'est fait", raconte-elle encore.

Car en parler est toujours difficile: "Quand vous avez la possibilité d'en parler vous voyez dans le regard des gens qu'ils ne sont pas sûrs de vous croire. Moi je n'étais pas du tout une personne influençable qu'on aurait pu manipuler, donc on ne vous croit pas. Et de toute façon vous ne voulez pas en parler, vous-même vous avez honte de subir ça", se souvient-elle.

Les associations féministes souhaitent que cette mobilisation ne reste pas lettre morte. Sur les 200.000 femmes victimes de violences chaque année en France, 10% seulement portent plainte.