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Jawad moqué, déferlement de lolcats belges: quand l'humour fait rempart à l'horreur

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- - Capture d'écran Twitter

Des chats, des parodies, des blagues plus ou moins réussies... Les internautes ont parfois pris le parti de rire des attentats du 13 novembre et du couvre-feu bruxellois. Il faut dire que selon le psychanalyste Moussa Nabati, "l'humour est ce qu'il y a de plus sérieux".

Des lolcats pendant le couvre-feu belge, des tweets parodiques qui se moquent de Jawad, logeur des terroristes, une victime des attentats qui ironise sur sa blessure…Quand l'humour fait rempart à l'horreur.

Face aux attentats du 13 novembre, certains ont pris le parti d'en rire. Julie, blessée lors de l'attaque du Bataclan, réussissait à ironiser sur son sort, 3 jours après l'attentat.

La twittosphère a détourné à l'infini l'interview de Jawad, logeur des terroristes présumés. Il avait affirmé sur BFMTV qu'il avait simplement "rendu service" à des amis d'amis venus de Belgique, avant d'être arrêté.

Et cette semaine face au couvre-feu instauré pendant deux jours à Bruxelles, les internautes belges ont inondé Twitter… de chats.

La police belge a même répliqué de la même manière:

Mais qu'on ne s'y trompe pas, "le rire, malgré son apparence de légèreté est ce qu'il y a de plus sérieux", analyse Moussa Nabati psychanalyste et auteur de "L'humour-thérapie". "Le rire aide à prendre de la distance par rapport au traumatisme. Il révèle les choses pour mieux les transcender, pour les rendre plus viables, il permet de supporter l'insupportable", détaille-t-il.

"Et l'importance du rire dans certaines situations est à la hauteur du stress subi, c'est un mécanisme de protection, de barrage".

Julie, rescapée du Bataclan ne dit pas le contraire: "Rire a toujours été ce qui m’a sauvé de tout, de tout dépasser (…) Parce que si on ne rit pas de ce qu’on nous arrive, on rit de quoi?", s'interroge-t-elle dans une interview au magazine Neon.

"Le psychisme a besoin de faire le point sur les événements"

Attention toutefois que l'humour n'occulte pas les émotions négatives nécessaires à la résilience. "On est dans une époque trop positiviste dans laquelle il y a une lutte insensée contre les émotions négatives", juge le psychanalyste. "Le psychisme a besoin de faire le point sur des événements traumatiques tout comme le corps a besoin de repos après une blessure".

"Il ne faut pas faire l'économie de la peur et de l'angoisse, il est normal d'avoir peur ou d'être triste. Comme il est normal de ne pas se laisser noyer par cela. Et un des moyens de ne pas sombrer est l'humour mais il ne faut pas que le rire élude totalement les émotions négatives, et vice versa".

https://twitter.com/paobenavente Paulina Benavente Journaliste RMC