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L'addiction au sexe: "un cercle infernal" pour ceux qui en souffrent

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- - Flickr/CC/Eric Parker

"Sex addicts" ou les drogués du sexe. Pour lever le tabou sur le sujet, Florence Sandis a réalisé un documentaire sur l'addiction au sexe (diffusé le 14 septembre sur France 5 et visible en VAD sur Pluzz). Elle était l'invitée de Jean-Jacques Bourdin.

Jean-Jacques Bourdin: L'addiction au sexe touche plutôt les hommes…

L'addiction au sexe touche en effet plutôt les hommes. Une femme est touchée pour 5 hommes.

Peut-on donner une définition de l'addiction au sexe?

C'est le contraire de la liberté sexuelle, ils ont perdu la liberté de s'abstenir. Ils sont frustrés en permanence. Tout le monde ne peut pas assouvir ses besoins, du coup 50% des sex addicts ont recours au porno de manière excessive. La sexualité n'est plus un plaisir. C'est comme pour la drogue, pour un moment de plaisir, il y a une longue descente, des moments de culpabilité et de honte. Et comme ils sont mal, ils retombent dans leur addiction pour essayer d'aller mieux. C'est un cercle infernal.

Que disent ces "sex addicts" dans votre documentaire?

Ces hommes racontent leur souffrance, leur isolement aussi. Pour s'adonner à leur addiction, ils s'isolent de leur famille, de leurs amis, de leur travail… Tout est bon pour s'isoler devant leur ordinateur ou s'enfuir dans une relation sexuelle.

Nous suivons Marc, accro au porno depuis des années. Sa femme ne comprenait pas pourquoi il ne s'occupait pas du tout de leur fille, pourquoi il était si absent et pourquoi il cherchait en permanence des excuses pour s'isoler dans son bureau tout seul. Il a fallu qu'il manque de perdre son travail parce qu'il a été surpris sur des sites pornos au boulot pour qu'il lève le voile, qu'il en parle à sa femme et sorte du déni pour se faire soigner.

Il y a aussi Aurélie qui a 30 ans et qui, parfois, se lève en pleine nuit pour aller assouvir son addiction…

Elle se mettait dans des conditions très dangereuses. Dans le documentaire, elle explique qu'elle pouvait répondre à une annonce sur internet à 2 heures du matin, prendre un bus pendant 2 heures pour se rendre à un rendez-vous. Arrivée là-bas, ce n'est pas un seul homme mais 5, elle n'ose pas dire non. Elle ne sait plus faire la différence entre un viol et une relation consentie. C'est d'autant plus dur à assumer après.

Ont-ils honte?

Ils ont honte, ils se sentent incompris. On a fait ce documentaire pour libérer la parole et que ces gens soient enfin compris. En France, cette maladie n'est pas reconnue, aux Etats-Unis, elle l'est depuis les années 80. Michael Douglas et David Duchovny l'ont même annoncé publiquement. David Duchovny s'en est même inspiré pour sa série "Californication", basé en partie sur son expérience de "sex addict".