Langage corporel : ces gestes qui nous trahissent

Notre corps, au delà des mots qu'on utilise, parle pour nous, et pas toujours comme on le souhaiterait. Décryptage de quelques bavardages corporels inconscients.

"La transmission d’un message repose à 55% sur les gestes, les mimiques, l’aspect physique et les postures, les mots et l’intonation de la voix comptent respectivement pour seulement 7% et 38%", précise Martine Tardy (1), morphopsychologue et graphologue. Les gestes, loin d’être anodins, sont donc de véritables miroirs de notre "climat intérieur". Une bonne raison de faire attention à ces mimiques qu’on fait sans même s’en rendre compte.

Jouer avec son stylo en discutant

Maintenir l’objet entre ses doigts tout en parlant et s’y accrocher serait un "geste barrière" selon Joseph Messinger (2), psychologue spécialiste de la symbolique gestuelle. Marco Pacori (3), qui exerce la même profession, ajoute : "Serrer fortement un stylo à la verticale pendant la conversation est aussi un signe clair de compétition et de défi".

Le point négatif : on manifeste sa volonté d’intimider. "La variante, explique Joseph Messinger, consiste à recroqueviller son index autour du pouce (comme si on appuyait sur une gâchette imaginaire). Il exprime l’envie, à peine voilée, de trucider celui ou celle qui vous fait face…"

Le point positif : on possède un esprit de combativité et de compétition.

Se caresser le dessus de la main

Joseph Messinger explique que, lorsqu’on se fait une caresse à soi-même, elle révèle "celle que l’on espère susciter chez la personne qui vous fait face, ou une manière de la séduire".

Le point négatif : caresser le dessus de sa main droite avec la gauche (ou le contraire), ou passer les mains à plat sur son jean signifieraient implicitement une envie de sexe. Attention à ne pas confondre avec le geste de se caresser et masser sa nuque, qui montre en fait la volonté de prendre du recul avant de s’engager.

Le point positif : le geste enclenche souvent le processus qui éveille la créativité.

Croiser instantanément les bras et les jambes devant certains interlocuteurs

"Tout croisement corporel est un code de protection de son territoire mental, c’est-à-dire la confiance et l’estime de soi", explique Joseph Messinger.

Le point négatif : ce double croisement agit comme une "armure" destinée à se sécuriser et à se protéger des critiques. C’est aussi une façon explicite d’exprimer "cause toujours". Marco Pacori relève d’autres signes d’autoprotection : jouer avec un morceau de pain, la peluche d’un porte-clés, ou encore une boulette de papier.

Le point positif : on affirme qu’on n’est pas dupe face aux tentatives de manipulation ou au mépris, et on se protège de l’agressivité.

Affirmer quelque chose en se lissant les commissures des lèvres, avec le pouce et l’index

Le point négatif : on est en train de mentir, car ce tic corporel révèle une "fraude verbale", note Joseph Messinger.

Le point positif : dans certaines situations, dissimuler ce que l’on pense est nécessaire, diplomatie oblige.

1. Auteur de Décoder la gestuelle de votre interlocuteur (éditions Dangles).
2. Auteur de Ces gestes qui vous trahissent (éditions First).

3. Auteur du Langage secret du corps (Ideo).

Aurélie Buhagiar pour BFMTV