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Le petit manuel pour réussir à gérer les personnes agaçantes

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Malheureusement, les gens qui nous agacent sont partout : dans la rue, le bus, au travail et même chez nous. Gardez à l’esprit que toute situation agaçante est une opportunité pour apprendre à retourner l’échange en créant de la valeur ajoutée.

Briser le pattern

Les schémas de comportements répétitifs sont appelés "pattern" par les américains. Un exemple : vous faites mijoter un plat pour votre mari, qui vous glisse, encore une fois "ma mère rajoute toujours un peu de curry". Cette réflexion a le don de vous énerver, et vous ne souhaitez qu’une chose : casser le pattern. A la prochaine remarque, s’il vous dit "ma mère mettait toujours un peu de levure boulangère dans la pâte" en vous voyant faire des crêpes, Françoise Kourilsky* vous propose simplement de lancer votre crêpe à la manière d’une bigouden, mais de la laisser choir par terre. Accompagnez le geste par une phrase cinglante : "Ta mère, elle faisait ça aussi ?", sans oublier un petit sourire plein de tendresse pour dédramatiser la scène.

*Docteure en psychologie, auteure de Se réjouir, s’apaiser, réussir (InterÉditions).

Quitter une conversation sans blesser

En d’autres circonstances, les exploits d’un jeune major de l’X auraient pu vous intéresser. Mais, coincée dans un cocktail par le débit de la mère du prodige, vous voyez au fond de la pièce une personne que vous ne voulez pas rater. En fait, une seule pensée vous vient à l’esprit : vous voulez fuir. Françoise Kourilsky assure que votre départ ne sera pas mal pris par votre interlocutrice si vous vous éclipsez sur une phrase élogieuse du style : "On a les enfants que l’on mérite et vous pouvez être fière de vous." Si aucun compliment ne vous vient en tête face au discours de votre casse-pieds, s’il s’agit par exemple de votre voisin, toujours très bavard au sujet des nuisances sonores de l’immeuble, détournez la conversation. Dites-lui que son caniche est mignon, il sera conquis.

Détourner une conversation inopportune

Au travail, on est parfois entouré de personnes agaçantes. Marylène Delbourg-Delphis*, chef d’entreprise et conseil de dirigeants, possède une vie sociale fournie et se retrouve quelquefois abordée par des personnes en recherche de capitaux ou de contacts. Sa technique consiste à écouter un peu, mais à détourner très rapidement la conversation vers un thème qui l’inspire plus : "J’adore les vêtements, alors, si c’est une femme, je lui demande d’où vient son tailleur. À un homme, j’aime bien parler du vin." Une astuce adaptable à plusieurs types de casse-pieds.

*Auteure, traductrice de L’Art de se lancer de Guy Kawasaki (Les Éditions Diateino).

Contrer les critiques malsaines

A la cantine, il arrive de subir les méchancetés gratuites lancées par vos collègues sur les autres : "Regarde Nicole du planning, elle est tellement grosse qu’on dirait un cachalot." Une situation qui n’est pas complètement irrécupérable selon Françoise Kourilsky, à condition de ne pas laisser votre face sombre répondre à votre place. Il existe chez chacun une double face, comme sur les pièces de monnaie. Pour que la partie lumineuse puisse se développer, il faut lui laisser la parole. Le mieux dans ce cas présent est de répondre : "Quand on t’écoute, on t’imaginerait complètement intolérante, alors que ce n’est sûrement pas exact…" Attention cependant à ne pas employer un ton moralisateur ou méprisant, mais au contraire un ton bienveillant.

Filtrer les contacts sur internet

En vous inscrivant sur Facebook, vous ne pensiez pas être sollicitée par autant d’importuns. Malheureusement, certaines brebis galeuses réussissent à passer les paramètres de confidentialité, et ce, malgré les différentes possibilités de filtrage. Pour les éviter, Louis-Serge Real del Sarte*, conseil en stratégie numérique et fondateur d’Easy-Network nous apporte des conseils :

Ne donnez jamais votre numéro de téléphone. Si vous désirez transmettre votre adresse mail à un contact, faites toujours attention de mettre le symbole arobase entre parenthèses sous cette forme (@), qui peut également s’écrire ainsi (AT). Cette manipulation empêchera les machines de reprendre votre adresse mail pour vous bombarder de spams par la suite.

Evitez les dragueurs insistants, en changeant votre photo de profil si elle vous montre en gros plan, par un cliché de votre ombre portée sur l’asphalte ou encore de vos empreintes dans le sable.

*Auteur de Les Réseaux sociaux sur Internet (Éditions Alphée).

Prévoir une réponse juste

Adaptez votre réponse face aux fâcheux prévisibles. Dérangée par un pro du marketing téléphonique, Françoise Kourilsky a pris l’habitude de répondre : "Je n’ai besoin de rien. Évitez de perdre du temps et appelez vite un autre numéro. Bonne chance." Un jour, un témoin de Jéhovah n’a pas su quoi dire lorsqu’elle lui confia : "Merci, mais je préfère communiquer directement avec Dieu." Si vous avez des convictions profondes, utilisez-les : si un homme lui propose "une simulation gratuite pour payer moins d’impôts", Nathalie Zanon, maître de conférences, explique qu’elle contribue déjà au financement public des hôpitaux et des écoles, et qu’elle en est très heureuse. Elle utilise un ton tellement sincère que son interlocuteur ne peut que battre en retraite.

Se montrer désarmée

Vous aimez beaucoup votre mère, mais il arrive que ses petites réflexions vous énervent franchement : "Tu veux mettre cette nappe ? Mais tu ne vois pas qu’elle est mal repassée ?" Gardez en tête que c’est lorsqu’on ne se défend pas et qu’on se montre désarmée que l’on devient inattaquable. Un paradoxe qui ne l’est qu’en apparence ; pour le vérifier, répondez-lui : "Je n’avais pas fait attention, ma pauvre maman. Ton éducation est un désastre. Je n’arriverai jamais à ta hauteur…" Françoise Kourilsky démontre dans son livre Du désir au plaisir de changer* comment cette manière d’agir peut entraîner une prise de conscience en douceur, tout en apportant aux relations une touche d’humour.

*(Dunod).

Copier l’attitude de l’autre

Répondre à un sans-gêne en reproduisant son attitude peut réussir à le décourager. Vous avez un collègue qui a pris l’habitude de parler fort dans son téléphone, faites-en de même. "Au pire, gêné, il s’éloigne. Au mieux, il baisse le ton", explique Jean-Claude Martin*, spécialiste en communication. Au mariage de votre neveu, une cousine éloignée de la mariée vous assène de questions : "Vous êtes mariée ?" ; "Vous habitez dans la région ?" ; "Vous avez dû avoir des embouteillages…". Dans ce cas, donnez une réponse déstabilisante pour prendre l’avantage sur l’interrogatoire et ne plus le subir. Par exemple, vous pouvez répliquer : "Oui, les bouchons sur la route, c’est comme les agrégats de plaquettes dans la circulation sanguine, vous ne croyez pas ?" Sinon, passez du coq à l’âne : "Oui et… Oh là là… Vous avez vu ce qui se passe en Éthiopie ?". La casse-pieds maintenant, c’est vous.

*Auteur de La Bible de la communication non verbale (Leduc.s Éditions).

Utilisez votre agressivité

Vous êtes dans le TGV, et deux enfants piaillent joyeusement à côté de vous. Seulement, quand l’aîné vous lance des miettes de BN, leur mère ne fronce qu’un demi-sourcil.

A cran, vous pensez aux trois heures de chahut non-stop qui risquent de vous empêcher de vous concentrer sur un dossier. La psychothérapeute Valérie Colin-Simard* indique qu’ "exprimer sa vulnérabilité est le meilleur moyen de se rendre invulnérable". Pour y parvenir, aidez-vous de l’agressivité qui monte en vous. Il faut savoir que le mot Adgredior qui a donné “agresser”, signifie “aller vers” en latin. Suivez cette pulsion, et adressez-vous directement à la mère en la regardant droit dans les yeux. Demandez-lui d’intervenir en employant un ton très poli : "Excusez-moi, madame, je n’arrive pas à me concentrer sur mon dossier, j’ai besoin d’un peu plus de calme, auriez-vous la gentillesse de faire quelque chose ?" Vous pourrez constater que dans l’humilité on a finalement beaucoup de pouvoir, et qu’établir calmement un contact mais de manière décidée peut faire évoluer le problème dans le bon sens.

*Auteure de Quand les femmes s’éveilleront… (Pocket).

Aurélie Buhagiar pour BFMTV