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Les parents, aussi victimes du burn out

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Le burn out, utilisé pour parler d’un épuisement général lié au travail, s’étend de plus en plus à la sphère familiale. Les parents, qui doivent coupler vie au travail et vie de famille peuvent être atteint de ce surmenage sans oser en parler.

Des parents surmenés

"J’aime regarder mes enfants dormir. Lorsqu’ils dorment, j’ai l’impression de les aimer encore un peu". C’est cette phrase, entendue régulièrement en consultation, qui a poussé la psychanalyste Liliane Holstein à réaliser un ouvrage sur le burn out parental (1). S’il concerne souvent les mères, il touche également certains pères. Ceux-ci cherchent à atteindre un idéal fantasmé et y dépensent toute leur énergie. Un rythme de vie intensif allant parfois jusqu’à remettre en cause l’envie d’être parents. Ces derniers ressentent alors une fatigue chronique couplée à une perte de contrôle et de sens. Dépassés par des sentiments contradictoires envers leurs enfants, ils ont également du mal à savoir vraiment comment les élever. Les gestes les plus simples du quotidien deviennent difficiles à gérer, et des sentiments d’impuissance et d’accablement viennent souvent s’y ajouter. Sans pouvoir se retenir, ils cèdent à des impulsions, punissent leurs enfants d’une fessée ou prononcent des mots violents qu’ils ne pensent pas.

"Ni baby-blues, ni dépression post-partum, cet épuisement s’installe insidieusement dans le temps, précise Liliane Holstein. Il est le résultat d’accumulations de désillusions et de frustrations. Il peut survenir quelques semaines ou quelques mois après la naissance, ou des années plus tard. Le seuil de résistance n’est pas le même pour tous". Les plus vulnérables sont souvent les parents de jumeaux ou de triplés, d’enfants rapprochés en âge, ou encore les femmes élevant seules leurs enfants. Par contre, il n’y a pas de différence entre les mères au foyer, qui souffrent de la solitude, et les mères actives, au rythme de vie très intense.

Une maladie encore peu connue

Le burn out parental a mis beaucoup de temps à être accepté, bien qu’il ait été reconnu depuis dix ans par les professionnels de la santé (2). Le tabou a été brisé en 2011 par Stéphanie Allénou-Biard, à travers Mère épuisée (3) où elle raconte son histoire. Aujourd’hui, elle anime différentes conférences dans tout l’hexagone (4). "Les mères épuisées physiquement et psychologiquement s’autorisent enfin à s’avouer vaincues, estime Liliane Holstein. Le burn out parental représente aujourd’hui 35 à 40 % de mes consultations en cabinet. Beaucoup de parents viennent pour des enfants difficiles avant d’évoquer leur épuisement". Avec son site lancé en 2014, le coach en parentalité Marie-Christine Eustache veut montrer qu’il est possible, comme elle, de réussir à sortir la tête de l’eau : "Le burn out parental ne vous tombe pas dessus par hasard. Pour guérir, il demande une totale remise en question de soi. La bonne nouvelle, c’est qu’il offre aussi de belles perspectives d’évolution".

(1) Le burn out parental, J.Lyon Tredaniel, 09/2014.
(2) La fatigue émotionnelle et physique des mères », Violaine Gueritault, Odile Jacob, 2004.
(3) Marabout.
(4) Le 7 novembre à Gonfreville L’Orcher (76) et le 28 novembre à Alençon (61) Infos : www.ilot-familles.com
(5) www.burnoutmaternel.fr

Fabienne Broucaret pour BFMTV