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Les ragots essentiels à notre survie?

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- - Flickr/CC/SPackwood

Parler dans le dos des gens permettrait de structurer notre société, rien de moins. C'est en tout cas ce qu'affirme un professeur de la prestigieuse université d'Oxford.

Raconter les derniers potins à la machine à café, répandre les ragots après une soirée arrosée… Le très sérieux Robin Dunbar, professeur de psychologie évolutionniste à l'université d'Oxford, affirme que les ragots nous rendent humains. Ils permettent de sélectionner les personnes en qui on a confiance et à tisser des liens familiaux et amicaux.

Car le réseau social -le vrai- est essentiel à notre bien-être et à notre bonheur. "Le problème est de maintenir ce réseau", explique-t-il au Telegraph. "Le langage a évolué pour nous permettre de maintenir ce lien social (…), de se raconter des histoires qui sont importantes pour la cohésion d'une communauté".

Le professeur Jennifer Cole, maître de conférences au département de psychologie de l'Université de Manchester, s'est intéressée au sujet. Elle a découvert que si on ne fait pas confiance aux personnes qui colportent beaucoup de ragots, on ne fait pas non plus confiance à celles qui n'en racontent jamais. "Le lien social est trop important", argue-t-elle.

"Faire grandir des communautés d'humains"

Selon une des thèses développées dans la biologie de l'évolution, le langage s'est développé afin que les humains puissent communiquer et se rassembler en communautés plus larges. "Pouvoir transmettre des informations sur des personnes dignes de confiance ou non, ont aidé à faire grandir des communautés d'humains", souligne le professeur Yuval Noah Harari, de l'université de Jérusalem.

Une étude précédente de l'université californienne de Berkeley avait déjà établi en 2012 l'effet positif de la rumeur. Un panel de personnes a été placé en face de deux joueurs. L'un d'entre eux triche, l'autre pas. L'étude a montré que la majorité des personnes interrogées étaient prêtes à payer pour dénoncer le tricheur.

L'étude a relevé que le rythme cardiaque des sondés augmentait face à la tricherie, et que le fait de pouvoir le raconter à d'autres permettait de faire diminuer leur stress.

Attention toutefois à la déferlante de rumeurs infondées. Dernière exemple en date: l'application Gossip qui avait créé la polémique début juin. L'appli aux fausses rumeurs a été relancée après avoir été suspendue pendant quelques jours, suscitant la colère d'un syndicat lycéen qui réclame toujours son interdiction. Lancée fin mai, l'appli avait été suspendue deux semaines après, accusée de favoriser le harcèlement, notamment chez les plus jeunes.