Matthieu Ricard chez les GG: "On ne voit pas la banalité du bien"

Le moine bouddhiste Matthieu Ricard était l'invité des GG ce mardi pour évoquer le livre qu'il a écrit conjointement avec le philosophe Alexandre Jollien et le psychiatre Christophe André. Une petite leçon de sagesse sur RMC.

Et si l'on prêtait plus attention aux choses positives qui nous entourent? C'est en tout cas ce que prône le moine bouddhiste Matthieu Ricard. Selon lui les médias jouent un rôle dans ce sentiment d'insécurité et de morosité: "On est toujours interpellé par les choses dangereuses. On ne voit pas la banalité du bien. La majeure partie du temps, la plupart des êtres humains se comporte de manière décente envers les autres. Si on regarde les grandes études, on constate que depuis 5 siècles la violence n'a cessé de diminuer. (…) On n'a jamais été autant en sécurité en dépit de tout ce qui se passe".

"On fait peu attention à la sagesse"

Alors manquerait-on de sagesse? "Je ne pense pas qu'on ait perdu notre sagesse, mais on y fait peu attention quand c'est toujours l'urgence qui nous interpelle", estime-t-il. 

Mais comment cultiver cette sagesse qui nous échappe? "C'est une sorte de manière d'être qui fait que vous abordez les défis de l'existence, aussi bien à l'intérieur de vous-même qu'à l'extérieur, en prenant un certain recul pour faire preuve de lucidité et d'avoir la bonne réponse en fonction des circonstances. Plus profondément, il s'agit de la connaissance: la connaissance de soi et des autres", explique le moine.

"Une amplitude intérieure pour gérer les hauts et les bas"

Et cela peut s'appliquer au quotidien: "Il faut avoir un espace intérieur ne pas être coincé. On parle d'une tempête dans un verre d'eau. C'est vrai que quand votre esprit est étroit, vous réagissez de façon disproportionnée. Pour employer une image que l'on emplie dans le bouddhisme: si vous versez une pincée de sel dans un verre d'eau c'est imbuvable, si vous versez la même pincée de sel dans un lac, ce n'est pas la même affaire. Il s'agit d'une amplitude intérieure qui vous permet de gérer les hauts et les bas de l'existence au mieux. C'est quelque chose que l'on devrait apprendre à cultiver et utiliser à tout moment", développe-t-il sur RMC.

Dans la pratique rien de plus simple, nous explique Matthieu Ricard: "Il faut utiliser l'esprit comme un outil flexible. Il faut d'abord calmer son esprit, ses pensées. Ensuite il faut voir ce que l'on veut cultiver: si l'on veut cultiver la bienveillance on va penser à un être cher et engendrer une sorte de bienveillance inconditionnelle. On peut ensuite l'étendre à d'autres êtres. C'est un processus qui vise à cultiver une qualité pendant 15 minutes plutôt que d'y penser pendant 10 secondes".

"Trois amis en quête de sagesse", L’Iconoclaste - Allary éditions, Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard