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Quand l'amour emprisonne: "j'étais dans une cage dorée"

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- - CC/Flickr/Beverley Goodwin

Sous prétexte d'aimer l'autre, certains enferment leur partenaire dans une cage. Un enfermement toléré, parfois inconsciemment, pendant des années.

Catherine, sexagénaire aisée, a pris conscience il y a quatre ans, qu'elle vivait dans "une cage dorée". Mariée à 20 ans à un homme "qui avait des ambitions et qui devait faire carrière", elle s'est mise en retrait et n'a jamais travaillé. "Nous avons beaucoup déménagé, nous avons eu 3 enfants, que j'ai emmenés dans les grandes écoles. J'ai rempli mon rôle et j'y étais bien", raconte-t-elle.

Et puis son mari est muté dans le nord de la France, le couple vient d'acheter une maison en Loire-Atlantique. D'un commun accord, ils décident que Catherine restera dans la nouvelle maison et que lui rentrera tous les 15 jours. Une situation qui se prolonge, 3 ans, puis 4 ans, jusqu'à ce que Catherine découvre que son mari mène une double vie. Cette découverte agit comme un véritable déclic: désormais, elle veut vivre sa vie comme elle l'entend. "J'ai toujours été 'la femme de', mais maintenant je veux décider".

"C'est souvent à l'occasion d'un événement un peu brutal que les lignes bougent", constate Béatrice Copper-Royer, psychologue et auteure de "Quand l'amour emprisonne. Parents, conjoints, amis, collègues…". Car l'emprise que peut avoir un partenaire dans un couple n'est pas forcément celle d'un pervers narcissique. "Il y a des liens qui nous ligotent sans qu'on s'en rende bien compte, au départ on a des bénéfices secondaires mais qui ne sont pas forcément positifs pour nous et nous privent peu à peu de liberté", explique-t-elle.

"On est conditionné par la façon dont on a été aimé"

Et cette privation de liberté se fait souvent naturellement et est généralement accepté… au moins dans un premier temps. "On peut aussi réinterroger les liens et avancer, mais au départ on est conditionné par la façon dont on a été aimé, dont se sont construit les liens familiaux et affectifs. On a tendance, en tout cas au début, à reproduire un certain nombre de schémas dont on est imprégné et dont on ne se rend même pas compte".

Pour Béatrice Copper-Royer, il faut régulièrement analyser nos relations: "Il faut savoir réinterroger nos relations notamment nos relations amoureuses longues: pourquoi les maintient-on? Qu'est-ce qu'on y gagne, qu'est-ce qu'on y perd? Il faut savoir se poser des questions sans avoir peur, souvent c'est la peur qui empêche les questions".