BFM Business
Conso

Quand le chômage détruit le couple

-

- - Flickr/CC/.craig

Perte de confiance en soi, dépression, si le chômage est une épreuve personnelle, il peut aussi faire vaciller les couples... Et parfois les briser.

"Quand je rentrais le soir, je le voyais traîner à la maison. Ca a fini par m'agacer fortement et provoquer de la tension entre nous. C'est vite devenu invivable et nous avons fini par nous séparer", raconte Caroline, 32 ans. Car selon les experts, crises économiques et divorces sont liés.

Plus de 3,5 millions de chômeurs, 350.000 séparations par an. Selon Anne Solaz, chercheuse à l'Institut national d'études démographiques (Ined), "le chômage accroît le risque de ruptures conjugales".

Selon elle, en France, "il semble que le chômage qui intervient dans les premières années de la vie de couple augmente davantage le risque", tout comme les licenciements individuels - les plans sociaux étant davantage vécus comme "une malchance que comme une remise en cause des compétences". "Toutefois, entre perte d'emploi et séparation, démêler les causes des effets reste très compliqué", nuance la démographe.

"Des effets sur le comportement"

Car le chômage a forcément des effets collatéraux. "Le chômage a des conséquences psychologiques et financières, mais les effets sont aussi tangibles sur le rythme de la famille, le comportement: plus rien n'est comme avant. Les tentatives des proches pour en parler, même bienveillantes, apparaissent souvent comme une demande de comptes", détaille Didier Demazière, sociologue et directeur de recherche au CNRS.

Charlotte a longtemps épaulé son compagnon qui s'est retrouvé au chômage: "Il est tombé dans une forme de dépression. Face à l'angoisse du manque d'argent, nous ne pouvions plus prévoir de vacances ou même de sorties. Je me suis épuisée à vouloir le ménager".

"J'ai essayé de valoriser son statut d'homme au foyer"

A en croire des études macro-économiques américaines, le divorce décline pendant les premières années d'une récession économique, et augmente ensuite. "La séparation coûte cher, c'est d'ailleurs pour cela que beaucoup de couples séparés continuent dans un premier temps à vivre sous le même toit", souligne la démographe Anne Solaz.

Et les couples qui survivent en sortent "consolidés", pointent les experts. Célia a "passé le cap" du chômage du père de ses deux enfants: "ça a duré une année durant laquelle j'ai essayé de valoriser son statut d''homme au foyer'. Il a renforcé ses relations avec nos enfants et cela lui a évité de broyer du noir, même si on a du se serrer la ceinture. Il a fini par retrouver du travail, mais c'est vrai que si cela avait duré plus longtemps, notre couple aurait pu souffrir davantage".

P.B. avec AFP