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Réapprendre à vivre après une rupture

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La rupture, après plusieurs années de vie en commun, entraîne un véritable choc psychologique, affectif et physique. Le corps somatise, le cerveau se déconnecte, et la douleur surplombe tout face à cette sensation d’échec. Pourtant, avec le temps, le cœur finira par guérir.

Laisser son chagrin s’exprimer

Pour retrouver l’équilibre après une rupture, il est indispensable d’accepter sa douleur pour mieux la traverser. Libérer son chagrin en pensant aux bons souvenirs passés ensemble, aux relations nouées avec sa belle-famille, ou en ressentant un sentiment de culpabilité, participe de manière intégrale au processus de guérison. "Quand on pleure, on ne dénie pas son chagrin. On entre dedans de façon active et efficace, confie le psychologue et psycho-thérapeute Patrick Estrade*. Et, aussi douloureuse que soit l’épreuve, cela permet, peu à peu, de se construire une nouvelle identité."

*Auteur de Revivre après une séparation (Alpen Éditions).

Retrouver ses anciens amis

La fin d’une relation peut entraîner des dommages collatéraux, et il est possible de ne plus se sentir complètement à l’aise avec ses anciens amis. Entre deux eaux, on n’appartient plus au monde des couples, mais pas encore à celui des célibataires qui s’assument. Mais pour (re)voir la vie de manière saine, c’est justement cette dernière catégorie qu’il faut intégrer. Certaines pourraient trouver ça dégradant, mais comme le souligne le psychiatre Christophe Fauré*, c’est tout le contraire : "Après avoir longtemps été considérée comme membre d’un couple, exister en tant que personne à part entière est souvent une expérience très positive".

*Auteur de Le Couple brisé (Albin Michel).

Préserver ses enfants

Lorsqu’il y a des enfants, la psychanalyste Catherine Bensaid* conseille de retenir ses émotions pour les préserver de la souffrance de la séparation, et éviter ainsi qu’ils ne portent le conflit en eux. "Les reproches, les critiques que s’adressent les parents peuvent blesser les enfants, et cela s’exprime parfois par le biais d’angoisses, d’insomnies, de difficultés scolaires ou de maladies psychosomatiques". On évite les soupirs, les réflexions cinglantes ou encore les yeux au ciel. Et si l’envie de pleurer survient, on s’isole dans une autre pièce.

*Coauteure, avec Jean-Yves Leloup de Qui aime quand je t’aime ? De l’amour qui souffre à l’amour qui s’offre (Pocket Évolution).

Accepter ses émotions

Intense et obsédante, la souffrance ne nous quitte pas. Mais le pire serait de la nier, ce qui la transformerait en lent poison. Le mieux à faire est de :

Mettre des mots sur ses émotions, et ne pas hésiter à parler de sa tristesse, de sa colère et de ses peurs. Affronter ce qu’on ressent permet de mieux cicatriser, et plus vite. En reparler plusieurs fois a pour bénéfice de créer un espace entre les émotions et les faits. Pour en discuter, choisissez des ami(e)s patient(e)s et empathiques.

Ecrire tout ce qui nous vient en tête pour pouvoir prendre du recul. "On peut, de cette manière, écrire à l’autre son chagrin, sa déception, ses ressentis… sans envoyer la lettre pour autant", propose le Dr Patrick Estrade.

Réapprendre à vivre seule

Soudain seule, il faut apprendre à accepter cette nouvelle vie, sans se rendre malade d’angoisse. La solitude a remplacé sa présence, et pour certaines, c’est la première fois qu’elles se retrouvent face à elles-même. Pour (re)découvrir la puissance qu’apporte la sensation de liberté et d’autonomie, il faut par exemple oser aller seule au cinéma. Si on n’a aucun projet un samedi soir, il faut réussir à rester chez soi sans déprimer. Le Dr Christophe Fauré souligne : "C’est parce que l’on parvient à apprivoiser la solitude qu’on se rend psychiquement libre pour une nouvelle relation". Un passage qui est donc indispensable, aussi déstabilisant soit-il.

Libérer ses envies

C’est le moment de laisser ressurgir toutes les envies enfouies au plus profond de nous. Vous avez toujours voulu pouvoir ratisser les brocantes, vous mettre à l’ikebana (art floral japonais), ou faire du théâtre : c’est le moment de vous lancer. "Dans une rupture, quelque chose meurt en nous. Pour aller mieux, je conseille de renouer avec la vie. En partant à la conquête de nos désirs et de cette part de nous-même laissée en jachère pendant la relation", suggère Catherine Bensaid, psychiatre et psychanalyste.

Se détendre

Pour relâcher la pression et renouer avec les plaisirs, il existe plusieurs moyens :

Rééquilibrer ses émotions avec des Fleurs de Bach. Les conseils de Marie-Ange Lobjoit, maître de conférences :

  • Stimuler la tolérance si la jalousie et la colère surviennent : Holly (N ° 15)

S’ouvrir au discernement si la culpabilité s’en mêle : Pine (N ° 24)

  • Affermir sa paix intérieure si la tristesse vous envahit : Star of Bethlehem (N ° 29)

Mode d’emploi : dans 50 cl d’eau de source, versez 6 gouttes d’un ou des élixirs. Boire le mélange en quatre fois : au réveil, à midi, dans l’après-midi et au coucher, jusqu’à ce que vous n’en ressentiez plus le besoin.

Explorer son corps en se masturbant, uniquement si on en éprouve l’envie, naturellement. "Cela peut permettre de dissocier de notre ex-compagnon, le vertige qui nous saisit lors de l’orgasme", explique la sexologue Catherine Solano*.

Préserver sa santé

Le stress généré par un divorce ou une rupture, multiplierait par quatre le risque d’accident de voiture, d’après une étude de l’Inserm effectuée en 2014. Tous les ans, on peut donc attribuer aux ruptures 3% des accidents, soit 3 000 blessés et 170 décès. Les médecins ont également constaté que dans ce type de situation, les défenses immunitaires baissaient de manière significative, entraînant un risque accru d’infections. "Durant la période où l’on se désinvestit de la relation, il y a un mouvement psychique à respecter. Dans un premier temps, mieux vaut rester un peu en retrait et accepter un petit épisode dépressif. L’urgence est d’abord de prendre soin de soi", conseille le Dr Christophe Fauré.

Consulter un professionnel

Au lieu d’essayer de rallier votre entourage à votre cause, "mieux vaut prendre le temps de s’interroger sur ses propres scénarios", avertit Christophe Fauré. Cette relation n’a pas fonctionné, pourquoi ? D’après le psychiatre, mettre tous les torts sur l’autre serait une tentative inconsciente pour fuir une phase salutaire : se questionner sur sa part de responsabilité dans la rupture. "Tenter de comprendre nos comportements impliqués dans cet échec, évitera de répéter ces schémas pour notre prochaine histoire d’amour", précise le psychiatre. L’aide d’un psy peut être nécessaire, voire indispensable, dans le cas où les émotions vous submergeraient trop, si des attitudes dépressives vous empêcheraient de vivre normalement, ou si ce face-à-face avec vous-même serait trop douloureux.

Aurélie Buhagiar pour BFMTV