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Violences faites aux femmes: "On apprend à vivre avec, mais on ne peut pas oublier"

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Morgane Seliman a vécu quatre ans sous les coups de son ancien compagnon. Elle raconte son calvaire dans un livre. En 2014, les appels au 39 19, la ligne destinée aux femmes victimes de violence, ont doublé.

Le 3919, ligne d'information téléphonique nationale destinée aux femmes victimes de violences, a traité plus de 50.000 appels en 2014, deux fois plus que l'année précédente. La grande majorité de ces appels concernaient des violences conjugales.

Morgane Seliman fait partie de ces femmes. Après 4 ans d'enfer, elle a réussi à sortir des griffes de son conjoint. "Je me suis fait battre quasiment tous les jours. On reste parce qu'on a peur, on reste parce qu'on a de l'espoir malgré tout qu'il change. Il y a toujours ce petit espoir. On a plus le temps de penser pour nous. On a juste le temps de penser à esquiver les coups, ou de quelle humeur il va être ce soir", témoigne-t-elle.

Aujourd'hui installée en Seine-Maritime, elle raconte son histoire dans un livre paru en octobre aux éditions XO Document, "Il m'a volé ma vie". Quand elle rencontre Y., Morgane est impressionnée par son assurance et sa détermination à la séduire. Les deux premières années de vie commune, en région parisienne, sont émaillées de disputes parfois violentes, mais elle se persuade qu'il ne s'agit que de "petites crises".

Coupée de sa famille et ses amis

C'est pendant sa grossesse que les violences s'accroissent. "Du jour où j'ai été enceinte, je n'ai plus répondu et je me suis protégée. Les choses ont basculé. Il frappait partout sauf le ventre".

Suivront plusieurs années où elle vit totalement sous l'emprise de son compagnon, d'autant plus qu'elle a arrêté de travailler et s'est coupée de sa famille et de ses amis.

Il en fait son esclave domestique et la frappe à la moindre contrariété, dans un premier temps jamais devant leur fils. D'où les effrayants comptes à rebours, en attendant que le petit soit couché. Et pourtant, elle continue d'encaisser la violence et "l'humiliation permanente".

"Jusqu'au jour où je revois un ami d'enfance, qui va me donner du courage". Elle contacte une association d'aide aux femmes victimes de violences conjugales, rencontre une psychologue, participe à un groupe de parole.

Cette fois, elle porte plainte et son compagnon, qui blesse deux gendarmes lors de son interpellation et avait déjà plusieurs condamnations à son actif, est condamné à 18 mois de prison dont 12 mois ferme.

"Menaces de mort"

Quand il sort de prison, il la harcèle, surtout quand on lui enlève son bracelet électronique et qu'il n'a plus de contrainte d'éloignement. Avec l'aide de l'association, Morgane se réfugie dans un foyer à Saint-Etienne et vit depuis janvier 2015 dans un appartement en Normandie, avec son fils.

Aujourd'hui, nouvelles inquiétudes. "L'ordonnance de protection, qui lui interdisait tout contact avec moi, a pris fin le 17 novembre à minuit", disait-elle à l'AFP la semaine dernière. "Après la sortie du livre et mon passage dans une émission de télévision, il a laissé des menaces de mort sur mon répondeur".

Selon le ministère de l'Intérieur, 118 femmes sont mortes en 2014, victimes de leur conjoint ou "ex", soit presque une tous les trois jours en moyenne.